Emmanuel Macron s’est dit « très préoccupé par la disparition » de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.
Selon plusieurs médias, l’auteur aurait été arrêté par Alger.
L’auteur à succès, âgé de 75 ans, est notamment connu pour ses positions engagées contre le pouvoir algérien ou l’intégrisme religieux.

Les dernières nouvelles sont inquiétantes. Boualem Sansal aurait récemment été arrêté en Algérie, ont rapporté plusieurs médias. Emmanuel Macron est « très préoccupé par la disparition » de l’écrivain, a indiqué jeudi 21 novembre l’entourage du président français. Les raisons de son arrestation présumée ne sont pas connues. « Les services de l’État sont mobilisés pour clarifier sa situation », ont précisé les proches du pensionnaire de l’Élysée, ajoutant que « le président de la République exprime son attachement indéfectible à la liberté d’un grand écrivain et intellectuel ».

L’auteur de 75 ans est né à Theniet el Had, en Algérie. Il est connu pour ses nombreux ouvrages à succès – une vingtaine de ses livres ont été traduits dans le monde entier – et pour ses positions engagées contre le pouvoir algérien ou l’intégrisme religieux. Depuis ses débuts en littérature, après une formation d’ingénieur et d’économiste, il se montre extrêmement virulent à l’égard du gouvernement en place à Alger, ne manquant pas d’analyser le processus historique qui a conduit à une telle situation. Il dénonce, par ailleurs, l’emprise de l’islamisme, à la fois chez lui, en Algérie, mais aussi en Europe. L’encyclopédie Universalis évoque un « caractère très exubérant et apparemment extroverti de son écriture ».

Plusieurs prix prestigieux

Les œuvres de Boualem Sansal ont reçu de nombreux éloges, et même plusieurs prix. L’Académie française lui a ainsi décerné le grand prix de la francophonie en 2013 pour son essai Gouverner au nom d’Allah. Deux ans plus tard, son roman 2084 : la fin du monde – une dystopie inspirée de 1984 mais fondée sur l’amnésie et la soumission à un dieu unique – est récompensé du Grand prix du roman de l’Académie française. Entre autres distinctions, il a également reçu le prix du roman arabe pour son livre Rue Darwin (2012), le Prix de la paix des libraires allemands (2011) pour la manière dont il « critique ouvertement la situation politique et sociale de son pays » ou encore le Prix Méditerranée pour son roman Abraham ou La cinquième Alliance (2022). 

S’il a récemment obtenu la nationalité française, et qu’il est très apprécié d’une partie de la classe politique de l’Hexagone, l’écrivain n’a jamais caché son attachement pour son pays d’origine, malgré ses critiques. Pour lui, cette position n’est d’ailleurs nullement paradoxale : il estime que son pays a besoin de gens comme lui – de personnes critiques du régime et des personnes au pouvoir – pour avancer dans la bonne direction. « La dictature était invisible pour moi puisque je n’en souffrais pas, pas directement. Puis la guerre civile est arrivée et a détruit ce que la bureaucratie et l’économie socialiste n’avaient pas encore détruit. Puis l’horrible réalité m’a rattrapé. Que faire ? J’ai longuement hésité, entre fuir et rester. J’ai vécu dans cet entre-deux douloureux, puis j’ai décidé de rester et de me battre », a-t-il raconté au Point , plus tôt en 2024.

« Il incarne tout ce que nous chérissons : l’appel à la raison, à la liberté et à l’humanisme contre la censure, la corruption et l’islamisme », souligne l’ex-Premier ministre Edouard Philippe sur X, en appelant aux « autorités françaises et européennes pour obtenir des informations précises et faire en sorte qu’il puisse circuler librement et revenir quand il le souhaitera en France ». De son côté, la cheffe de file des députés du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, salue un « combattant de la liberté et courageux opposant à l’islamisme », et réclame aux autorités d’« agir pour obtenir sa libération immédiate ».

L’arrestation de l’auteur intervient dans un contexte diplomatique tendu entre la France et l’Algérie. 


Maxence GEVIN

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