- L’été qui s’achève n’a pas franchement redonné le sourire aux patrons de salles.
- Sans véritable locomotive, la fréquentation a poursuivi sa baisse constatée au printemps.
- Seuls les films familiaux, et une délicieuse anomalie comme le thriller horrifique « Évanouis », semblent avoir convaincu les cinéphiles de sortir de chez eux.
Après un printemps maussade, les salles obscures ont-elles retrouvé leurs spectateurs ? Avant de tirer un bilan définitif, un constat s’impose : malgré de belles promesses, aucune locomotive n’a réellement tiré le box-office vers le haut à la manière du Pixar Vice-Versa 2
ou du blockbuster tricolore Le Comte de Monte-Cristo
l’an dernier. La faute à la météo ? À la concurrence des plateformes ? Au pouvoir d’achat ou à une actu anxiogène ? Après une chute de 23,2% en juin, la fréquentation était encore en baisse de 17,3% sur un an en juillet, et les chiffres d’août ne s’annoncent guère rassurants. Alors que la rentrée se profile, voici les films qui ont tiré leur épingle du jeu, ceux qui ont déçu et ceux qui ont été boudés par les cinéphiles…
Les tops
Le meilleur moyen de remplir les salles ? Rameuter toute la famille ! C’est le constat qui s’impose devant le succès de Lilo & Stitch
, l’adaptation live du classique Disney. Sorti fin mai, le film a continué d’engranger les entrées tout l’été pour en cumuler 5,1 millions à ce jour, soit le plus gros succès de l’année en cours. Dans le même registre, la nouvelle version du Dreamworks Dragons
a séduit 2,5 millions de spectateurs, à se demander si le géant Shrek, dont les prochaines aventures sont sans cesse repoussées, ne finira pas par donner la réplique à des acteurs en chair et en os. Côté animation pure, le succès du moment est à mettre à l’actif des Bad Guys 2
, avec plus de 800.000 spectateurs en trois semaines, le million du premier volet en ligne de mire.
Du côté des grands, deux sorties estivales sortent leur épingle du jeu. Avec bientôt 3 millions d’entrées, F1, le film
offre à Brad Pitt son plus grand succès en France depuis un bail, à quelques encablures de chiper la deuxième place du box-office 2025 à God Save The Tuche
. Mais la vraie grosse surprise, c’est le score de Évanouis
, le thriller horrifique de Zach Cregger, qui vient de franchir la barre des 500.00 entrées en deux semaines, confirmant l’appétit du public français pour les films qui font peur, très peur. Aux États-Unis, il est en tête du box-office depuis deux semaines et cumule 160 millions de dollars de recettes dans le monde, alors qu’il en a coûté moins de 40.
Les bofs
À Hollywood, on surnomme ce phénomène la « franchise fatigue ». En déclinant les grands succès du passé en suites, préquels et autres spin-offs, les studios pensaient avoir trouvé le moyen idéal pour faire vivre leur catalogue tout en continuant à remplir les salles sans trop se casser la tête. Sauf qu’à force, même les cinéphiles occasionnels finissent par se lasser ! Le constat s’impose devant les scores de Jurassic World : Renaissance,
qui atteint péniblement 2,8 millions d’entrées en sept semaines. Les 3,5 millions du précédent volet en 2022 ne seront pas atteints. On est loin des 5 millions de Jurassic World
en 2015. Ou du Jurassic Park
originel de Steven Spielberg avec 6,5 millions d’entrées en 1993.
Même constat du côté des superhéros. Avec 1,5 million de spectateurs en six semaines, le Superman
de James Gunn est bien en dessous des attentes, là où le Man of Steel
de Zack Snyder en attirait 2,3 millions lors de son envol en 2013. De quoi faire regretter à DC Comics l’éviction du sombre Henry Cavill au profit du souriant David Corenswet ? Chez Marvel, l’époque où les Avengers explosaient tous les compteurs appartient désormais au passé. Après un démarrage canon, Les Quatre Fantastiques
a clairement dévissé et plafonne à 1,4 million d’entrées en trois semaines. C’est à peine mieux que les 1,1 million des Thunderbolts
au printemps. Sorry Pedro Pascal !
Les flops
L’été 2025 risque de donner du grain à moudre aux détracteurs pavloviens du cinéma français. Dans le top 20 de la semaine écoulée, on ne trouve que deux productions tricolores. Avec 313.512 spectateurs en deux semaines, la comédie Y a pas de réseau
avec Gérard Jugnot et Maxime Gasteuil peine à dérider les salles. Quant au Dracula
de Luc Besson, le plus gros budget de l’année, il vient péniblement de franchir les 510.000 entrées en trois semaines. En fait, c’est bien simple : depuis Ma Mère, Dieu et Sylvain Vartan
au printemps, aucun film français n’a franchi la barre symbolique du million de spectateurs.
Présentés à Cannes, La Venue de l’avenir
de Cédric Klapisch a fini sa carrière à 872.000 entrées et Partir un jour
avec Juliette Armanet à 651.000 entrées, tandis que 13 jours, 13 nuits
de Martin Bourboulon est resté scotché à 459.000 entrées. Déception aussi pour Quentin Dupieux, dont L’Accident de Piano
doit se contenter de 370.000 spectateurs malgré la performance hallucinée d’Adèle Exarchopoulos. Ou encore pour la comédie Avignon
avec Baptiste Lecaplain, qui malgré un accueil critique enthousiaste, a fait bouger tout juste 300.000 spectateurs