Le parquet brésilien évoque une tentative de « coup d’Etat ». Battu lors de l’élection d’octobre 2022, le président brésilien sortant de l’époque, Jair Bolsonaro, a été inculpé, mardi 18 février, pour un projet présumé de putsch visant à empêcher le retour au pouvoir de son successeur, Luiz Inacio Lula da Silva – dit Lula –, vainqueur avec 50,9 % des voix.

L’ancien président d’extrême droite (2019-2022) et trente-trois autres suspects sont « accusés d’avoir incité et exécuté des actes contraires aux trois pouvoirs et à l’Etat de droit démocratique », a annoncé le parquet brésilien.

Selon le communiqué publié, cette conspiration présumée « avait pour leaders le président [Bolsonaro] et son candidat à la vice-présidence [Walter Braga Netto], qui alliés à d’autres individus, civils et militaires, ont tenté d’empêcher, de façon coordonnée, que le résultat de l’élection présidentielle de 2022 soit appliqué ».

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« Les investigations ont révélé [que le plan de coup d’Etat] envisageait jusqu’à la mort du président et du vice-président élus, ainsi qu’un juge de la Cour suprême. Ce plan avait le consentement du président » Bolsonaro, a précisé le parquet.

L’acte d’accusation justifiant les inculpations a été remis à la Cour suprême, qui doit à présent décider de l’ouverture ou non d’un procès.

Manque de soutien des principaux gradés de l’armée brésilienne

Cette inculpation est basée sur un rapport d’enquête de la police fédérale, selon lequel l’ancien président du Brésil (2019-2022) a « planifié (…) et a pris part de façon directe » à ce projet présumé de coup d’Etat. Amorcé en décembre 2002, alors que Lula devait prendre ses fonctions le 1er janvier 2023, le plan de triple assassinat intitulé « Opération Poignard vert et jaune » – les couleurs du drapeau brésilien – devait, selon les enquêteurs, être mis à exécution par des membres des forces spéciales de l’armée. Il n’a pas abouti « en raison de circonstances allant contre sa volonté », notamment le manque de soutien des principaux gradés de l’armée brésilienne, selon ce rapport de plus de 800 pages présentant des preuves réunies durant deux ans d’enquête.

Le rapport fait également état de l’implication présumée de M. Bolsonaro dans l’ébauche d’un décret qui aurait justifié la déclaration de l’état de siège pour annuler le scrutin remporté contre lui par Lula. Ce décret prévoyait entre autres, selon les enquêteurs, la convocation de nouvelles élections et la détention du juge Alexandre de Moraes, alors président du Tribunal supérieur électoral (TSE).

Une « dernière tentative » a eu lieu le 8 janvier 2023, lors des émeutes de Brasilia, quand des milliers de bolsonaristes ont saccagé les lieux de pouvoir à Brasilia, une semaine après l’investiture de Lula, a souligné le parquet. Ils ont été « encouragés » par l’ex-président et les autres membres de la conspiration présumée.

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Inéligible jusqu’en 2030

Jair Bolsonaro, 69 ans, a toujours clamé son innocence, se disant victime de « persécution » politique. « Je n’ai aucune inquiétude concernant ces accusations », a-t-il affirmé, mardi, à des journalistes, après un déjeuner avec des dirigeants de l’opposition à Brasilia.

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En décembre, la police fédérale a arrêté l’ancien ministre de la défense de Jair Bolsonaro, Walter Braga Netto, accusé de faire entrave à l’enquête. Il fait partie des trente-quatre suspects inculpés mardi. Le général Augusto Heleno, qui comme ministre du cabinet de sécurité institutionnelle était considéré comme l’éminence grise du président Bolsonaro, est aussi visé. De même qu’Alexandre Ramagem, son chef des services de renseignement à l’époque.

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Interdit de quitter le Brésil depuis février, Jair Bolsonaro est inéligible jusqu’en 2030 pour désinformation sur le système d’urnes électroniques utilisé lors du dernier scrutin. Il espère toutefois faire annuler cette condamnation pour se présenter à la présidentielle en 2026, face à Lula dont la popularité est en berne, selon un sondage publié la semaine dernière par l’institut de référence Datafolha.

Le Monde avec AFP

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