L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro, à Brasilia, le 10 juin 2025.

Un juge de la Cour suprême du Brésil a ordonné, lundi 4 août, l’assignation à résidence de l’ex-président Jair Bolsonaro, pour s’être exprimé sur les réseaux sociaux en dépit d’une interdiction liée à son procès pour tentative de coup d’Etat.

Dans un document judiciaire consulté par l’Agence France-Presse, le juge Alexandre de Moraes, chargé du procès Bolsonaro à la Cour suprême, dénonce un « non-respect réitéré des mesures imposées » à l’ancien président d’extrême droite (2019-2022).

En cause, selon le magistrat : des interventions à distance de M. Bolsonaro lors de manifestations de son camp dimanche à travers le pays, qui ont été ensuite relayées par des personnalités de son bord sur les réseaux sociaux.

L’ancien dirigeant, 70 ans, était le grand absent de ces manifestations. Visé par une enquête pour obstruction présumée à son procès pour tentative de coup d’Etat, il est contraint depuis la mi-juillet de porter un bracelet électronique, de rester chez lui soir et week-end, et il lui est interdit de s’exprimer sur les réseaux sociaux, directement ou par le biais de tiers.

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Lundi, il lui a également été interdit d’utiliser tout téléphone mobile, qu’il s’agisse du sien ou d’un appareil appartenant à d’autres personnes. Toute visite à son domicile est également proscrite, mis à part de ses avocats.

« La justice n’est pas idiote »

Ce nouveau rebondissement spectaculaire a lieu alors que la situation judiciaire de Jair Bolsonaro est au cœur de vives tensions entre Brésil et Etats-Unis. Le 30 juillet, le département américain du Trésor a infligé des sanctions financières au juge Moraes. Le même jour, le président Donald Trump a invoqué une « chasse aux sorcières » visant son allié d’extrême droite pour justifier une surtaxe douanière de 50 % sur certains produits brésiliens exportés vers les Etats-Unis. La mesure doit entrer en vigueur le 6 août.

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« Comme je l’ai affirmé de façon réitérée, la justice est aveugle, mais elle n’est pas idiote », a martelé le juge Moraes pour justifier ces nouvelles mesures. « La justice est la même pour tous. Un accusé qui viole délibérément les mesures qui lui sont imposées – pour la deuxième fois – doit en subir les conséquences judiciaires », a insisté ce magistrat à la fois puissant et clivant.

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Le juge Moraes lui reproche spécifiquement le fait qu’un échange téléphonique avec son fils aîné Flavio Bolsonaro durant les manifestations en son soutien dimanche ait été publié sur les réseaux sociaux. Au moment de cet appel, le sénateur Flavio Bolsonaro se trouvait sur une estrade, face à des milliers de manifestants, à Rio de Janeiro.

Jair Bolsonaro est actuellement jugé à la Cour suprême pour tentative de coup d’Etat pour se maintenir au pouvoir malgré sa défaite face au président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva en 2022. Déjà inéligible jusqu’en 2030 pour désinformation sur le système de vote électronique, il risque plus de quarante ans de prison à l’issue de son procès attendue dans quelques semaines.

Le Monde avec AFP

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