Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, à l’Assemblée nationale à Paris, le 2 octobre 2024.

En dépit des rumeurs qui ont précédé sa formation, le gouvernement de Michel Barnier n’a pas ressuscité un ministère de l’immigration tel qu’il avait été créé sous Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2010. Mais à Place Beauvau, mardi 8 octobre, Bruno Retailleau a parlé immigration, immigration et immigration aux vingt et un préfets qu’il avait conviés – ceux des départements qui concentrent 80 % des mesures d’éloignement. Une « réunion de travail » qui en a précédé une autre, où l’ensemble des préfets ont pu écouter le ministre de l’intérieur développer ses cinq priorités, la première et la plus détaillée étant l’immigration, suivie de la sécurité, l’islam politique, l’Etat territorial et la sécurité civile.

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« Il a dit qu’il voulait répondre à la volonté du peuple et que ce qui compte c’est le résultat du premier tour des législatives », rapporte un des participants, sous le couvert de l’anonymat, comme tous ceux qui ont bien voulu confier au Monde le contenu de ces échanges. Le 30 juin, c’est le Rassemblement national qui est arrivé en tête des suffrages, avant que le front républicain ne le relègue en troisième position lors du second tour, le 7 juillet.

Alors que son prédécesseur Place Beauvau, Gérald Darmanin, pourtant issu des rangs des Républicains comme lui, proposait d’être « méchant avec les méchants, gentil avec les gentils », M. Retailleau a martelé aux préfets son souhait de réduire l’immigration y compris légale, dans un contexte où la délivrance de titres de séjour en France suit une tendance durable à la hausse, sous l’effet de l’immigration étudiante, mais aussi professionnelle et humanitaire.

Rendre des comptes

Conscient qu’en l’absence de majorité parlementaire, ses marges de manœuvre se situent plutôt du côté réglementaire que législatif, le ministre a annoncé deux futures circulaires. La première s’apparente à une directive de pilotage des préfectures, par l’assignation d’objectifs. « Il demande aux préfets de lui rendre des comptes et de lui remonter des tableaux de bord sur la hausse des expulsions et la baisse des régularisations », explique un préfet.

Sur les expulsions, le ministre leur a demandé d’utiliser les dispositions introduites par la loi sur l’immigration de janvier 2024, qui lèvent un certain nombre de protections limitant les possibilités d’éloignement pour certaines catégories d’étrangers (tels que ceux arrivés en France avant l’âge de 13 ans).

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Quant aux régularisations, elles feront l’objet de la seconde circulaire annoncée par le ministre, pour remplacer celle actuellement en vigueur. Connu sous le nom de « circulaire Valls », ce texte de 2012, inégalement appliqué sur le territoire, détermine les critères de régularisation des étrangers sans papiers et permet à peu ou prou 30 000 personnes d’obtenir un titre de séjour chaque année, en raison de leur vie privée et familiale en France – c’est le cas notamment des parents d’enfants scolarisés depuis trois ans – ou du travail salarié qu’elles exercent.

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