Le premier ministre, Sébatien Lecornu, à Mâcon (Saône et Loire), le 13 septembre 2025.

Sébastien Lecornu reçoit, mercredi 17 septembre, ses opposants politiques pour évoquer le budget 2026, à la veille d’une importante journée de mobilisation sociale à l’appel de l’intersyndicale

Tous les dirigeants de gauche – à l’exception de ceux de La France insoumise (LFI), qui ont refusé l’invitation – ainsi que ceux du Rassemblement national (RN) vont se succéder dans le bureau du premier ministre, à commencer par les socialistes, attendus à 9 h 30. Sébastien Lecornu a déjà échangé, la semaine dernière, avec les responsables du « socle commun » formé par le camp présidentiel – Renaissance, MoDem et Horizons – et Les Républicains, ainsi qu’avec les syndicats et le patronat. Il a aussi reçu, mardi, le groupe centriste Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT).

« Le premier qui doit bouger, c’est le gouvernement », a estimé le président de ce groupe, notamment composé d’élus centristes à l’Assemblée, Laurent Panifous, ajoutant que « le sujet des retraites ne peut pas être renvoyé uniquement à 2027 ».

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François Bayrou avait obtenu la mansuétude du Parti socialiste (PS) sur le budget 2025 en ouvrant un conclave sur la réforme des retraites, qui s’est soldé par un échec. Puis il a présenté, à la mi-juillet, un sévère plan de redressement des finances publiques qui a fait bondir toutes les composantes de l’opposition. Ces entretiens ont lieu sous la pression de la rue, alors qu’une mobilisation massive est attendue jeudi, de l’ordre de celles contre la réforme des retraites, en 2023. Les syndicats contestent, notamment, les mesures budgétaires « brutales » proposées par François Bayrou.

Avant d’entamer les discussions, Sébastien Lecornu a fait plusieurs gestes en direction de la gauche et de l’opinion, en annonçant notamment le retrait de la proposition impopulaire de supprimer deux jours fériés. Il a aussi consacré son premier déplacement, samedi, à l’accès aux soins, avant d’annoncer la suppression très symbolique, dès l’an prochain, des avantages octroyés aux ex-premiers ministres.

« Les socialistes donnent l’air d’être déterminés »

Les socialistes ont eux fixé leurs conditions dès dimanche. Ils considèrent que le plan Bayrou « ne doit pas servir de base de discussion », alors que Sébastien Lecornu a l’intention d’en faire un point de départ, puis de mettre les parlementaires devant leurs responsabilités pour l’amender.

Mercredi, les socialistes viendront avec un sondage IFOP commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures proposées par le PS. Parmi elles, la création d’une taxe de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, la fameuse taxe Zucman, qui enflamme ce débat budgétaire, à laquelle 86 % des sondés sont favorables, dont 92 % des sympathisants Renaissance et 89 % des sympathisants LR. Le premier ministre l’a, cependant, déjà exclue, tout en reconnaissant que « des questions de justice fiscale » devaient être posées.

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La taxe Zucman, « c’est une connerie, mais ils vont la faire quand même parce que ça permet d’obtenir un accord de non-censure » avec la gauche, a de son côté prédit, mardi, Marine Le Pen, sans pour autant fermer la porte à une mise à contribution des plus fortunés. « Si la rupture consiste à un retour aux sources socialistes du macronisme, c’est contraire à l’aspiration majoritaire du pays », a ajouté la cheffe de file des députés RN, attendue à 16 heures à Matignon avec Jordan Bardella.

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Un avertissement auquel le président du groupe Les Républicains, Laurent Wauquiez, a fait écho, mardi, en dénonçant « la pression du PS », craignant qu’il « n’y ait plus rien sur l’immigration, la sécurité ou l’assistanat » dans le budget.

Autre point au cœur des discussions, l’ampleur de la réduction des dépenses. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a appelé, dimanche, à chercher un accord autour « de 35 à 36 milliards » d’euros d’économies, alors que François Bayrou tablait sur 44 milliards. Le PS, lui, plaide pour une réduction de 21,7 milliards.

« Les socialistes donnent l’air d’être déterminés et de poser des conditions, mais c’est un moyen de rentrer dans les négociations », estime Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise (LFI), ironisant sur la politique des « petits pas » du PS, au détriment des « grands soirs ».

Le Monde avec AFP

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