• Faire confiance est essentiel pour construire des relations humaines solides, mais cela peut être difficile.
  • Certaines personnes ont du mal à l’accorder, leur méfiance agit alors comme un mécanisme de protection, mais elle isole.
  • Le psychologue Pascal Anger nous explique comment apprendre à faire confiance et pourquoi il s’agit d’un processus progressif et bénéfique.

Faire confiance à quelqu’un n’est jamais quelque chose d’anodin. C’est accepter de laisser l’autre entrer dans sa vie, de se montrer vulnérable quitte à être déçu, trahi ou blessé. Or, faire confiance à autrui est important dans la construction d’un lien, qu’il soit amical, professionnel ou sentimental. Beaucoup de personnes ont du mal à accorder cette confiance, car pour elles, c’est un risque de souffrance. La méfiance, justement, est « un mécanisme de protection« , nous explique le psychologue Pascal Anger. Derrière ce mode de fonctionnement qui peut entraîner des tensions, un isolement et une déformation dans la manière de voir les choses, il y a des peurs. Le rejet, l’abandon et d’autres blessures qui remontent parfois à l’enfance. « Il y a une hypervigilance, de l’anxiété et une peur de l’imprévisible, il n’y a pas beaucoup de spontanéité. Ce qui peut être un peu pénible parce que tout est balisé, tout est une menace« , ajoute le spécialiste.

La méfiance, un mécanisme de protection

La capacité à faire confiance a des origines multifactorielles, mais elle prend racine dans l’enfance. « Ça peut être les parents qui ont été eux-mêmes dans une hypervigilance, dans une méfiance, dans le contrôle, en ne faisant pas confiance à l’enfant, or c’est important de faire confiance à l’enfant. C’est comme ça qu’il se construit« . L’enfant qui grandit dans un environnement hyper contrôlant et méfiant va associer une erreur ou un raté à quelque chose de grave et va intégrer que personne n’a le droit à l’erreur. Résultat : il prête de mauvaises intentions à l’autre, aux premiers abords. Et, paradoxalement, les personnes méfiantes vont tomber sur des personnes qui ne sont pas dignes de confiance. Comme si elles avaient besoin de dire, à un moment, « tu vois, je me suis fait rouler, je ne peux plus faire confiance« . Pourtant, dans leur schéma, elles ont tout fait pour tomber sur quelqu’un qui n’est pas digne de confiance. Une manière, peut-être, de se rassurer et de dire « j’avais raison ». « On peut être un peu méfiant à certains endroits, on l’est tous un peu, mais quand ça devient l’unique manière de lire la relation à l’autre, alors il y a quelque chose d’insupportable. Pour soi, mais aussi pour les autres« , souligne Pascal Anger.

D’où l’importance, selon le psychologue, d’humaniser les relations avec autrui, de les vivre de manière plus positive, en cherchant les points lumineux là où l’on peut. « On est déjà dans une société qui est déjà désenchantée et désorientée, alors si en plus, on rajoute à ça, individuellement, de l’inquiétude et de l’obscurité, ça ne va pas nous aider« , rappelle-t-il. Cela ne signifie pas qu’il faut être crédule ou accorder sa confiance trop rapidement. D’ailleurs, chez les personnes qui ont cette tendance, il y a aussi un déséquilibre, « une grande naïveté« . Ce sont des personnes qui ont aussi des peurs. « Elles sont peut-être dans le déni et elles ne vont pas être clairvoyantes dans le sens où elles ne vont pas vouloir voir la zone d’ombre chez l’autre, or, elle existe. C’est important qu’elles puissent ouvrir les yeux« , indique le psychologue. Il ajoute : « Mais souvent, la personne qui accorde sa confiance rapidement a, elle aussi, des peurs. Elle a peur du conflit, de ce que ça pourrait avoir comme conséquence de dire à l’autre, « là, tu m’as trahi », « tu n’as pas été suffisamment sécurisant«  ».

Faire confiance, ça s’apprend

Cela ne signifie pas tout donner d’emblée, mais plutôt un processus progressif. C’est observer la cohérence entre la parole et les actes, tester la fiabilité de l’autre, puis élargir petit à petit le champ de la confiance, se poser des petits défis réalistes pour élargir la zone de confiance. La thérapie peut également être une aide dans le sens où elle offre un espace protégé pour parler de cette méfiance, des blessures et des freins de manière sécurisée.

Évidemment, apprendre à faire confiance est un processus différent selon les personnes et donner cette confiance dépend de l’appréciation de chacun, mais aussi de l’histoire, du vécu et des expériences. Néanmoins, « il y a des personnes qui sont plus sécurisantes à notre égard parce qu’elles sont ponctuelles, parce qu’elles sont de parole, qu’il n’y a pas de coup tordu, parce qu’elles savent expliquer leur positionnement« . Pour le psychologue, c’est important d’apprendre à connaître et à cerner l’autre et d’être toujours dans la communication. « Ça ne fait jamais plaisir d’être trahi ou d’être déçu, mais c’est important de pouvoir en parler« , souligne Pascal Anger, parce que l’autre a le droit à l’erreur, mais il faut pouvoir en parler pour savoir vers quelle direction aller ensuite selon la réponse. « Tout ça peut transformer la méfiance en quelque chose de plus solide dans la relation à l’autre« , conclut le psychologue.

Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

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