L’autrice de bandes dessinées Camille Jourdy, chez elle, à Lyon, le 18 mars 2024.

Il émane de Camille Jourdy la même douceur que celle qu’on trouve dans ses albums. Cela fait vingt ans que l’autrice sème les graines de sa fantaisie dans la littérature graphique jeunesse comme adulte. Depuis le premier petit caillou, Une araignée, des tagliatelles et au lit, tu parles d’une vie ! (Drozophile, 2004), elle a bâti une œuvre d’une quinzaine de titres teintée d’une poésie du quotidien et d’une certaine folie douce. Un édifice dont les pierres angulaires sont Rosalie Blum (publié en trois tomes entre 2007 et 2009), Juliette. Les fantômes reviennent au printemps (2016) ou encore Les Vermeilles (2019) – tous parus chez Actes Sud BD.

Sa dernière création jeunesse, le premier tome de Pépin et Olivia (Dupuis, 2023) suit les tribulations d’un frère et d’une sœur qui, comme tous les enfants de leur âge, n’aiment rien tant que faire des bêtises. La facétie de ces deux garnements ne manquera pas d’amuser les petits et de rappeler de jolis souvenirs aux grands.

Les planches de la dessinatrice de 44 ans, qu’elle dit avoir conçues comme « un livre familial », font l’objet d’une exposition jusqu’au 3 mai à Bastia dans la continuité du festival de bande dessinée organisé par le centre culturel de la ville. Camille Jourdy s’est vu confier le soin de signer l’affiche de la 31e édition. Au premier plan, on reconnaît la silhouette de la mère de deux enfants flanquée de ses jeunes personnages. Tout ce petit monde a le regard porté vers le vieux port de la cité corse, dont l’un des deux phares a été subtilement remplacé par… la légendaire fusée rouge et blanc qui emmène Tintin sur la Lune.

« Trouver refuge dans le dessin »

C’est d’ailleurs dans la lune qu’elle semble avoir passé une partie de son enfance, qu’elle nous raconte, début avril, à la terrasse d’un café de Bastia. « Je lisais peu car je n’arrivais pas à me concentrer. Pourtant, j’avais très envie de livres : j’adorais aller à la médiathèque, ce lieu rempli de rêves et d’histoires. Je me faisais des cabanes dans lesquelles j’adorais me réfugier. En fait, j’ai passé mon enfance à imaginer ce qu’il y avait dans les livres, sans forcément les lire. »

L’adolescence, vécue comme « une catastrophe totale, socialement », a été l’occasion pour Camille Jourdy de « trouver refuge dans le dessin ». « A la fin de mon année de 6e, se remémore-t-elle, amusée, un professeur avait mis un dessin en guise d’appréciation dans mon carnet. Il s’était justifié en me disant : “J’ai mis des mots à tout le monde, mais toi, ton langage, c’est le dessin.” » Dans sa famille, l’art graphique tient une place de choix : sa grand-mère paternelle faisait de la gravure sur bois, son père dessinait « pour le plaisir »… Après le bac, elle se consacre pleinement à sa passion et intègre les Beaux-Arts d’Epinal, puis l’Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, option BD et illustration.

Il vous reste 59.37% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version