Le scientifique franco-canadien Michel Sadelain, lors de la cérémonie du Breakthrough Prize, à l’Academy Museum of Motion Pictures, à Los Angeles, aux Etats-Unis, le 13 avril 2024.

Le scientifique franco-canadien Michel Sadelain s’est vu décerner un « Oscar de la science », samedi 13 avril, à Los Angeles, pour ses recherches ayant permis de programmer des cellules du système immunitaire à combattre le cancer.

Cet ingénieur généticien a été récompensé par le Breakthrough Prize, lors d’une cérémonie réunissant de grands noms de la tech, comme Elon Musk ou Bill Gates, et une avalanche de célébrités, parmi lesquelles Jessica Chastain, Robert Downey Jr et Bradley Cooper. Son travail a permis de développer une nouvelle forme de thérapie, appelée CAR-T, très efficace contre certains cancers du sang.

« Ce prix, c’est une reconnaissance extraordinaire, a confié M. Sadelain à l’Agence France-Presse, sur le tapis rouge du Musée des Oscars. C’est d’autant plus un honneur que (…) mes collègues scientifiques m’ont longtemps dit que ça ne marcherait jamais. » Le Breakthrough Prize a été lancé par des entrepreneurs de la Silicon Valley au début des années 2010 pour récompenser des percées en recherche fondamentale. Il se revendique comme une sorte d’« Oscars de la science » et est aujourd’hui mieux doté que le prix Nobel.

M. Sadelain va ainsi partager 3 millions de dollars avec l’Américain Carl June, un immunologiste qui a également travaillé sur le sujet. « Le plus grand plaisir néanmoins, c’est de voir des patients (…) qui n’avaient plus aucune chance et qui nous remercient, qui sont vivants aujourd’hui grâce aux cellules CAR-T », a expliqué le scientifique, qui a d’abord étudié en France et au Canada avant de s’installer au Memorial Sloan Kettering Cancer Center de New York.

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« Médicaments vivants »

Concrètement, les recherches de M. Sadelain ont permis de reprogrammer génétiquement les lymphocytes T, qui sont les petits soldats du système immunitaire. Ces derniers acquièrent alors des récepteurs capables de reconnaître et de combattre les cellules cancéreuses, que le corps laisse en temps normal proliférer car il ne se rend pas compte de leur nocivité.

Ces récepteurs antigéniques chimériques (chimeric antigen receptor, CAR, en anglais) ordonnent également aux lymphocytes T de se multiplier pour avoir plus de combattants contre la maladie. Cette manière de traiter le cancer relevait au départ « de la science-fiction », sourit M. Sadelain. Aujourd’hui, le chercheur se réjouit de voir que toute une industrie s’est développée pour produire ces « médicaments vivants ».

Grâce à ses travaux et à ceux de Carl June, une demi-douzaine de thérapies utilisant cette méthode sont approuvées aux Etats-Unis, et des centaines d’autres essais cliniques sont en cours. Les lymphocytes T du patient sont d’abord collectés, modifiés à l’extérieur du corps, puis réinjectés dans le sang. Le traitement a prouvé son efficacité contre les lymphomes, certaines leucémies, ou encore contre le myélome, un cancer sanguin grave et complexe.

Mais M. Sadelain espère que la recherche pourra permettre d’« appliquer ce traitement à d’autres cancers ». « Les cellules CAR-T pourraient peut-être marcher contre les maladies auto-immunes, des maladies comme le lupus, et peut-être un jour des maladies comme le diabète et les scléroses en plaques », explique-t-il. L’un des principaux défis reste aussi de réduire les coûts du traitement, estimé aujourd’hui à plus de 500 000 dollars – une somme en général couverte par les assurances.

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Une vingtaine d’autres scientifiques ont été récompensés lors du Breakthrough Prize, dans plusieurs catégories. Les recherches distinguées comprenaient notamment des médicaments efficaces pour traiter la cause sous-jacente de la mucoviscidose, une maladie mortelle des poumons, et la découverte des causes génétiques les plus courantes de la maladie de Parkinson.

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Le Monde avec AFP

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