Dans la plaine d’Aunis, près de La Rochelle, 15 cas de cancers pédiatriques ont été recensés depuis 2008, entraînant deux décès.
Ce samedi, une association révèle que des traces de pesticides ont été retrouvées chez de nombreux enfants vivant dans cette zone.
Certaines substances sont pourtant interdites depuis des années.

Des pesticides interdits retrouvés chez des enfants. Des traces de pesticides, dont certains prohibés, ont été découvertes dans les cheveux et les urines de dizaines d’enfants riverains de parcelles agricoles autour de La Rochelle, selon des analyses dévoilées ce samedi par une association de lutte contre les cancers pédiatriques, confirmant les informations du Monde (nouvelle fenêtre) et de Franceinfo (nouvelle fenêtre).

À l’occasion de l’Appel de La Rochelle, marche organisée pour réclamer un « plan de sortie des pesticides de synthèse », l’association Santé Avenir Environnement, créée en 2018 après le décès d’une adolescente, a publié les données récoltées sur 72 enfants âgés de 3 à 17 ans vivant dans six communes de la plaine d’Aunis, au sud est de La Rochelle (nouvelle fenêtre).

15 cancers pédiatriques depuis 2008

Quelque 14 molécules différentes ont été détectées dans les urines, avec une moyenne de 1,8 par enfant – jusqu’à six pour l’un deux. Les produits les plus fréquemment retrouvés sont le pentachlorophénol, un insecticide présent dans l’organisme de près d’un enfant sur deux, et deux fongicides : le propamocarbe, repéré sur 25 enfants, et le phényl-2-phénol, décelé dans l’organisme de 19 membres du panel.

Dans les cheveux, 45 substances ont été retrouvées, 4,4 par enfant en moyenne. La molécule la plus présente est un insecticide, le DEET (86,1% du panel). Suivent le pipéronyl butoxide, un adjuvant (77,8%) et un fongicide, l’azoxystrobine (33,3%). Des néonicotinoïdes, qui ont des conséquences sur le développement neurologique, ressortent à des niveaux élevés chez 11 enfants, « alors qu’ils sont interdits depuis 2013 et 2018 », rappelle Laurence Huc, scientifique de l’Inrae et de l’Inserm, qui a mené l’analyse. « Plus les enfants habitent près des champs, plus les taux sont élevés. »

De l’atrazine, herbicide interdit depuis 2004, possible perturbateur endocrinien et neurotoxique, et de la dieldrine, insecticide interdit depuis les années 1970 et très persistant dans l’environnement, ont également été retrouvés, avec d’autres produits cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques comme la pendiméthaline ou le phtalimide. Autant de substances « qu’on ne devrait pas avoir dans le corps », insiste Laurence Huc.

Dans la plaine d’Aunis, 15 cas de cancers pédiatriques ont été recensés depuis 2008, entraînant deux décès, selon Santé Avenir Environnement. « Nous voulons une enquête des pouvoirs publics. Nous avons fait ce projet citoyen de recherche parce que l’Agence régionale de santé et Santé publique France ne font rien », accuse le fondateur de l’association, Franck Rinchet-Girollet, dont le fils de sept ans est en rémission.


I.N avec AFP

Partager
Exit mobile version