Très vite, ce commerçant marocain a été surnommé « Kouamé » – un nom très répandu en Côte d’Ivoire – parce qu’il vend, dit-on, le meilleur attiéké du coin. Dans son échoppe d’Oulfa, quartier populaire aux portes de Casablanca, Youssef Lazouzi propose un bout d’Abidjan : sachets de semoule de manioc à 18 dirhams (1,70 euro), riz parfumé… Il y a un peu plus d’un an, ce trentenaire avait misé sur des cosmétiques bio. Sans succès. « Je me suis adapté à ma nouvelle clientèle, confie-t-il. Elle est aujourd’hui à majorité subsaharienne. »

Il est presque 23 heures en cette soirée de juillet. Youssef Lazouzi, les yeux rougis par la fatigue, négocie encore en lançant des « ça dit quoi ? », « on fait comment ? », « non, le prix est gâté mon frère ». On lui fait remarquer qu’il parle comme ses clients venus de Dakar ou de Conakry ; ça le fait sourire.

A l’autre bout du quartier, Youssef Nasser, 42 ans, livre à vélo, comme chaque jour, sa vingtaine de kilos de gombos et de « piments africains qui arrachent » aux restaurateurs ambulants et bouis-bouis sénégalais ou nigérians, où l’on peut voir une photo du roi. Il y a quelques années, cet homme fluet vendait du pain. Il a changé de métier et gagne désormais 3 000 dirhams (284 euros) par mois, soit l’équivalent du salaire minimum au Maroc.

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