• Le chef étoilé britannique Heston Blumenthal a lancé un nouveau menu pour les personnes qui prennent un traitement anti-obésité.
  • Ceux-ci provoquent une grande perte d’appétit.
  • Heston Blumenthal prend lui-même un traitement anti-obésité et explique vouloir relever un défi culinaire.

Une nouvelle façon de voir la nourriture ? Les médicaments anti-obésité ont poussé le chef britannique Heston Blumenthal à lancer un nouveau menu dans son restaurant trois étoiles The Fat Duck (« le gros canard », en français), situé à l’ouest de Londres. Le chef de 59 ans explique avoir vécu un grand bouleversement dans sa vie : il y a deux ans, il a été diagnostiqué bipolaire et a commencé un traitement qui lui a fait prendre 40 kilos. Depuis, il a commencé le Moujaro, un médicament anti-obésité sous la forme d’injections qui fait considérablement perdre l’appétit. « Quand j’ai commencé, je n’avais plus faim du tout. C’était vraiment bizarre », raconte-t-il à l’AFP. « J’étais rassasié, sans avoir beaucoup mangé ».

C’est cette faim diminuée qui l’a poussé à penser un nouveau menu dans lequel les portions sont réduites de 20 à 50%, et qui est adapté aux personnes qui prennent, elles aussi, un traitement anti-obésité. Pour le cuisinier, la perte d’appétit causée par les médicaments anti-obésité représente un défi à relever pour le secteur de la gastronomie, puisqu’elle peut « avoir un énorme impact sur notre façon de manger » : en ayant moins faim, les clients peuvent se désintéresser de la nourriture. Le chef veut alors « repenser » certaines choses, « se réinventer ».

Un menu moins cher, avec des portions deux fois plus petites

Depuis le début du mois d’octobre, il a lancé « The mindful experience » (« l’expérience consciente ») un menu similaire à son menu phare, « The journey » (« le voyage »), dans son restaurant. Il coûte 275 livres, soit 314 euros – c’est 75 livres de moins que « The journey », mais avec des portions deux fois plus petites. En apéritif, une mousse aérienne, avec citron vert et thé vert, disparaît en quelques secondes dans la bouche. « L’idée est de réveiller le palais », explique Heston Blumenthal. Il est suivi par un plat intitulé « Au bord de la mer », qui se déguste avec le bruit des vagues et des mouettes dans les oreilles. Le chef a conçu une glace au crabe, présentée dans des cônes, façon glace à l’italienne.

Depuis son lancement, le menu connaît un certain succès. Sur les 80 premiers clients, un seul a dit ne pas avoir suffisamment mangé. « Quand il y a moins de nourriture, on peut l’apprécier davantage », professe Heston Blumenthal, qui passe volontiers dix minutes à croquer dans un simple grain de raisin, en analysant chacune de ses sensations. « Être moins poussé par l’appétit m’a rendu plus conscient de mes papilles. Je me suis surpris à manger moins, mais avec plus de réflexion », dit le chef, qui continue de suivre le traitement.

Au Royaume-Uni : ruée vers les médicaments anti-obésité

Au Royaume-Uni, les études évoquent 1,5 million à 3,5 millions d’utilisateurs de ces « piqûres pour maigrir » (« skinny jabs »). Le service de santé publique croule sous les demandes de rendez-vous de patients en quête de ces traitements, pour lesquels les listes d’attente s’allongent. De quoi inciter les patients à se tourner vers le privé et débourser 175 livres (200 euros) par mois pour le médicament. Dans le pays où 64,5 % des adultes étaient en surpoids ou obèses en 2024, la perte de poids est l’objectif santé principal de 37% des consommateurs. Au Royaume-Uni, comme en France, les médicaments anti-obésité sont uniquement prescrits aux personnes obèses (celles qui ont un IMC de 30 ou de 27 avec une comorbidité en France).

Lara CLERC avec AFP, pour TF1 Info

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