
« J’avais 6 ans, mais je me souviens très bien de mon arrivée en France, ce sont des moments qu’on ne peut pas oublier. J’étais très jeune, mes parents ne m’ont pas vraiment expliqué pourquoi on partait. Aujourd’hui, je sais que mon père travaillait comme interprète pour les militaires français à Kaboul, et qu’il a été invité à venir en France par l’armée française.
C’était en 2015. Toute la famille nous a accompagnés, dans plusieurs voitures. Moi, j’étais dans celle de mes tantes. Je leur disais de rouler doucement pour que mes parents m’oublient et partent sans moi. C’était la première fois que je prenais l’avion. J’avais demandé à une de mes cousines d’aller m’acheter un ballon de baudruche mais on n’a pas eu le temps de le gonfler. Je me souviens de l’avoir mis dans ma poche, je portais une chemise jaune.
Mes parents n’avaient pas l’air inquiets, en tout cas ils ne le montraient pas. Je n’étais pas stressée non plus. Mais nous étions très fatigués, la tête me tournait. On a passé une nuit dans un hôtel à Dubaï et on a repris l’avion le lendemain, un vol très long jusqu’à Paris. Tout avait été préparé pour notre arrivée. A l’aéroport, deux personnes nous ont accueillis : une dame et un homme, qui s’appelait Mickaël. Ils nous ont emmenés dans un appartement à quarante minutes de Rennes, un trois-pièces avec deux chambres. C’est dans ce logement que nous allions vivre. Mickaël est allé nous chercher des kebabs. La viande avait une saveur particulière. Je n’ai jamais réussi à retrouver ce goût en dix ans.
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