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Un des effets de la dissolution inattendue du 9 juin dernier est d’avoir suspendu le rythme effréné des réformes éducatives qui, depuis le début de ce quinquennat et au-delà, se succèdent sans laisser à l’institution le temps de les discuter, de se les approprier et de les assimiler. Cette agitation continue, loin de renforcer l’école, l’affaiblit.

L’école n’est pas une œuvre figée, elle est une entité vivante, appelée à s’adapter aux mutations sociales et aux progrès des idées, voire à les anticiper. Les réformes précipitées empêchent d’obtenir l’adhésion de ceux qui la font vivre, ce qui les condamne à l’échec. Ce n’est pas par de perpétuels ajustements dictés par des objectifs souvent politiques et de court terme que nous construirons l’école de demain.

La première des réformes de l’école serait de lui assurer la stabilité nécessaire à son renouveau. En France, nombreux sont les candidats au poste de ministre qui aspirent hélas à un grand soir de l’éducation, croyant, à tort, que l’accumulation des réformes inscrira leur action dans la grande histoire de l’école.

Concertation

La stabilité des politiques publiques est une condition nécessaire, mais elle n’est bien sûr pas suffisante. La deuxième force des systèmes éducatifs performants, outre leur résistance au court-termisme, est leur capacité à s’appuyer sur les résultats de la recherche. Ce n’est pas parce que l’éducation implique une multitude d’acteurs – professeurs, élèves, établissements scolaires, parents, collectivités locales, etc. – que les travaux des chercheurs et les constats de praticiens peuvent être remisés sur les étagères de la Rue de Grenelle.

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Le politique ne peut plus incarner la figure du réformateur impatient, guidé par des considérations souvent opportunistes. Ce n’est pas non plus dans l’étatisme rigide qu’il trouvera sa légitimité, mais bien dans une démarche fondée sur l’expertise scientifique, éclairée par les comparaisons internationales, et sur la concertation avec les représentants de la communauté éducative.

Dans cette perspective, il ne saurait être question de mettre en œuvre des réformes d’ampleur sans les soumettre préalablement à une évaluation scientifique et à la réalisation d’expérimentations à l’échelle de circonscriptions scolaires. Loin de représenter une perte de temps, cette méthode permettrait d’évaluer les effets d’une évolution et d’apporter les ajustements nécessaires requis avant tout déploiement. On pourrait expérimenter une telle démarche pour l’enseignement des mathématiques afin de remédier au décrochage des élèves français.

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