Le Qatar et les Etats-Unis ont annoncé la conclusion mercredi 15 janvier d’un accord sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et la libération d’otages, après plus de quinze mois d’une guerre entre Israël et le Hamas qui a fait des dizaines de milliers de morts dans le territoire palestinien. Israël a néanmoins prévenu que des questions restaient à régler et dit espérer conclure « cette nuit », selon le bureau du premier ministre, Benyamin Nétanyahou. Voici ce que l’on sait à ce stade de l’accord :

• Première phase de cessez-le feu et libération de 33 otages

Le premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, dont le pays est l’un des médiateurs entre Israël et le Hamas, a annoncé l’entrée en vigueur dimanche de l’accord dont la première phase verra une libération de 33 otages enlevés durant l’attaque du 7-Octobre et encore retenus à Gaza.

« L’accord entrera en vigueur le dimanche 19 janvier (…) La première phase durera 42 jours et comprendra un cessez-le-feu ainsi que le retrait des forces israéliennes vers l’est, loin des zones peuplées. Ces forces seront positionnées le long de la frontière de Gaza », a-t-il dit à Doha.

Selon lui, « le Hamas libérera 33 otages israéliens, dont des femmes civiles, ainsi que des enfants, des personnes âgées, des malades civils et des blessés, en échange de plusieurs prisonniers détenus » par Israël. « Un mécanisme de suivi pour surveiller l’application de l’accord sera mis en place au Caire et sera géré par l’Egypte, le Qatar et les Etats-Unis », a-t-il ajouté.

Les 33 otages font partie des 94 captifs encore détenus à Gaza depuis le 7 octobre 2023, parmi lesquels 34 ont été déclarés morts par l’armée israélienne. Selon le Times of Israel, les responsables israéliens pensent qu’ils sont tous vivants, mais le Hamas n’a pas encore confirmé.

Israël avait précédemment déclaré qu’il libérerait environ 1 000 prisonniers palestiniens lors de la première phase de cet accord de trêve à Gaza, avait rapporté mardi des sources israéliennes et palestiniennes.

Joe Biden a lui annoncé que l’accord se traduirait, dans sa première phase, par un cessez-le-feu « entier et total ». Le président américain a confirmé que la première phase durerait six semaines avec un cessez-le-feu, accompagné d’un retrait israélien des zones densément peuplées et de la libération de certains otages dont « les femmes, les personnes âgées et les blessés ». Des Américains figueront parmi les otages libérés tandis qu’Israël remettra en liberté « des centaines » de prisonniers palestiniens selon lui.

L’aide humanitaire doit augmenter pendant la première phase.

Les médias israéliens ont rapporté qu’en vertu de l’accord, Israël maintiendrait une zone tampon à Gaza pendant la première phase. Les forces israéliennes devraient rester présentes jusqu’à « 800 mètres en profondeur de la bande de Gaza, sur une zone allant de Rafah au sud jusqu’à Beit Hanoun au nord », selon une source proche du Hamas à l’Agence France-Presse.

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Israël ne quittera « pas Gaza tant que tous les otages ne seront pas rentrés, les vivants et les morts », avait déclaré un responsable israélien avant l’annonce de l’accord.

• Deuxième phase : « fin définitive de la guerre »

Des négociations menées durant la première phase de trêve doivent permettre d’arriver à la deuxième phase, à savoir « une fin définitive de la guerre », selon Joe Biden.

La deuxième phase doit aussi permettre la libération des derniers otages, y compris les soldats, et un retrait complet israélien de Gaza, a encore détaillé le chef de l’Etat américain.

• Troisème phase : reconstruction et restitution des corps d’otages tués

La troisième et dernière phase doit être consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages tués durant leur captivité. « En phase trois, les restes des otages décédés seront remis à leurs familles, et un grand plan de reconstruction pour Gaza sera lancé », a affirmé le président américain sans en préciser les modalités.

• Plusieurs points encore inconnus

Les précédentes négociations ont buté sur plusieurs questions : la durée d’un cessez-le-feu, l’ampleur de l’aide humanitaire autorisée à entrer à Gaza, la logistique du retour des déplacés palestiniens, le retrait des troupes israéliennes et la gouvernance de Gaza après-guerre. On ignore si des compromis ont été trouvés sur ces désaccords.

Après plus d’un an de blocage et une seule trêve d’une semaine observée fin novembre 2023, les négociations indirectes sur une trêve se sont accélérées ces derniers jours. A mesure que les négociations progressaient, Israël a multiplié les frappes meurtrières sur la bande de Gaza, où 27 personnes ont péri mercredi, selon les secours locaux.

L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1 210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’Agence France-Presse (AFP) basé sur des données officielles. Sur 251 personnes enlevées le jour de l’attaque, 94 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes selon l’armée.

Au moins 46 707 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans la campagne militaire israélienne de représailles dans la bande de Gaza qui a aussi provoqué un désastre humanitaire, selon les données du ministère de la santé du Hamas jugées fiables par l’ONU.

Déjà minée par un blocus israélien imposé depuis 2007, la pauvreté et le chômage, la bande de Gaza assiégée a été ravagée par la guerre et la grande majorité de ses 2,4 millions d’habitants ont été déplacés et vivent dans des conditions particulièrement dures. Pour le patron de l’ONU, Antonio Guterres, « il est impératif que ce cessez-le-feu lève les importants obstacles sécuritaires et politiques à l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza ».

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S’il fait taire les armes, le cessez-le-feu laisse en suspens l’avenir politique du territoire où le Hamas, à présent très affaibli, a pris le pouvoir en 2007.

Le Monde avec AFP

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