Dans les aéroports, des rapaces travaillent pour les humains.
Cas unique en France : celui de Nantes possède sa propre fauconnerie.
Une équipe de TF1 a observé ces volatiles dressés pour faire peur aux autres oiseaux, et ainsi réduire les risques de collision avec les avions.

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Le 13H

À l’aéroport, la sécurité ne se joue pas qu’au passage des portiques ou à bord des avions. À l’approche des pistes, qu’il s’agisse de décoller ou d’atterrir, les pilotes craignent particulièrement ce que l’on nomme, dans le jargon, « le péril animalier », c’est-à-dire la rencontre fortuite avec un animal, le plus souvent volant. Selon le ministère de l’Écologie (nouvelle fenêtre), « 800 rencontres d’animaux sont enregistrées en France chaque année dans l’aviation civile », dont 15% sont jugées « sérieuses » parce que « donnant lieu à des retards de trafic », voire « à des dommages plus ou moins importants concernant la cellule et les réacteurs ». En conséquence de quoi, l’aéroport de Nantes s’est doté, depuis sept ans, de sa propre fauconnerie, afin de réduire ce risque au maximum.

Le défi y est plus important qu’ailleurs, la deuxième réserve ornithologique de France, le lac de Grand-Lieu, se trouvant à moins de dix kilomètres des pistes où 120 avions décollent ou atterrissent journalièrement. L’année dernière, 12 collisions de ce type ont été recensés sur place. Un moindre mal. « Aujourd’hui, à Nantes-Atlantique, on a entre 10 et 15 collisions par an mais, avant 2017, c’était à peu près le double », indique à TF1, dans le reportage du JT de 13H visible en tête de cet article, Thibaut Jung, chef du département sécurité et gestion des risques de l’aérogare, seule de France à disposer de rapaces résidant à demeure. « Il faut vivre avec ces oiseaux, matin, midi et soir, ça ne s’arrête jamais. Ce sont des athlètes de haut niveau, donc on peut comprendre que tous les aéroports ne veuillent pas s’engager dans cette voie-là », ajoute le responsable.

« Comme nous, il a ses humeurs »

Quatre buses de Harris, espèce à l’instinct de chasseur aguerri mais réputée docile, font ainsi partie de l’équipe d’effaroucheurs de cet aéroport. Anthony Renaud, l’un des trois salariés chargés de les dresser et de veiller sur elles, les pèsent chaque matin à 10 heures, en effet comme des athlètes. « Là, on voit que Tucuman pèse 976 grammes, montre-t-il à notre caméra. Son poids de vol, c’est entre 950 et 1000. Donc elle va pouvoir voler normalement. Pour un oiseau qui fait à peine un kilo, c’est une fourchette de 50 grammes. » Une fourchette essentielle : si son poids est trop élevé, la buse peut décider de ne pas voler, car elle n’aura pas faim, alors que si, à l’inverse, son poids est insuffisant, elle peut être trop faible pour voler.

« C’est un être vivant et, comme nous, il a ses humeurs, tient, en outre, à rappeler Anthony Renaud, tandis qu’il entraîne Tucuman une dernière fois dans la volière avant de la faire sortir. Parfois, il sera plus fatigué ou plus volubile. Donc de temps en temps, il faut s’assurer que l’oiseau est bien réceptif avant d’aller voler. » La suite de la journée consiste à patrouiller le long des six kilomètres de pistes, en communication permanente avec la tour de contrôle, l’oiseau solidement accroché au gant en cuir de son fauconnier, comme il l’aurait fait sur un cactus de son habitat naturel, sur le continent américain, mais ici à l’affût de grues cendrées en pleine migration. « C’est un oiseau de bas vol, reprend le dresseur. Il part du point, il fait un vol à vue et il ne va pas très haut. Il va vraiment sur l’oiseau qu’on veut. » En janvier, un cinquième rapace achèvera de compléter ce dispositif novateur : un faucon sacre, rapace de haut vol montant plus haut et attaquant en piqué, à la différence de la buse.


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Jules BEAUCAMP, Manon MODICOM

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