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La crise du logement en général et du logement étudiant en particulier est due à un problème principal : leur coût. Celui-ci résulte en grande partie de la part du prix que le foncier prend dans le coût final du logement. Le prix du foncier a subi, dans les zones tendues, une augmentation de 20 % à 30 % ces vingt-cinq dernières années, surtout dans les grandes agglomérations et régions frontalières. In fine, celui-ci peut représenter jusqu’à 30 % du prix final du logement.

Cette situation est connue principalement dans les villes universitaires et conduit promoteurs et collectivités à préférer construire des logements qui assurent une rentabilité plus forte. C’est la loi du marché de l’immobilier. De fait, le constat des vingt dernières années est simple : sur un foncier à la vente, on construit prioritairement de l’accession à la propriété, puis du logement social – grâce à la loi SRU [loi « Solidarité et renouvellement urbain », qui impose aux communes un nombre minimum de logements sociaux] –, voire, depuis dix ans, des résidences services pour personnes âgées. Le logement étudiant arrive en tout dernier, si l’on considère le paramètre de la rentabilité économique ! Sans subventions importantes ou mécanismes semblables, les Crous ou promoteurs du secteur sont incapables d’assurer la rentabilité de la construction avec un prix de foncier cher.

Pourtant, il existe un mécanisme qui permettrait de rendre le logement étudiant plus rentable : écraser le prix que représente le foncier, en le cédant gratuitement. La lente dérive de cette situation, d’année en année, produit la rareté du logement étudiant et contraint ce public à se loger dans un marché libre saturé.

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Certains peuvent renoncer à leurs études et d’autres, de plus en plus nombreux, font des petits boulots pour pouvoir payer des loyers de plus en plus chers. Il n’est pas rare que les efforts consentis montent à plus de 50 % des revenus des étudiants, au détriment de leur capacité à s’alimenter, comme le montrent très bien Julien Denormandie [ancien ministre de l’agriculture, 2020-2022] et Erik Orsenna dans leur ouvrage Nourrir sans dévaster [Flammarion, 352 pages, 23 euros]. Les effets de seuil jouent à plein dans le domaine pour les étudiants de classes moyennes pour lesquels le revenu des parents (souvent faible) n’ouvre pas droit aux chambres du Crous !

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