Une brasserie de Bruges a trouvé une idée plutôt originale pour acheminer ses stocks de bière.
Elle a fait creuser sous les pavés de la ville un immense pipeline.
Le JT de TF1 nous explique comment ce projet fou a pu voir le jour.

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Le 13H

En déambulant dans le centre historique de Bruges, la plupart des passants ignorent que sous les pavés, il ne coule pas seulement de l’eau, il y a aussi de la bière qui circule dans des tuyaux. « C’est fou de savoir qu’on marche sur la bière, c’est bizarre », s’étonne un groupe de jeunes lorsque l’équipe de TF1 leur apprend l’info. « Je pense que c’est bien, c’est une bonne idée pour des Belges », renchérit un couple dans le reportage à voir en tête de cet article. 

La boisson si prisée des Belges coule dans un immense biéroduc, à raison de 5.000 litres par heure. Il relie la brasserie De Halve Maan, située dans le vieux Bruges, à son usine d’embouteillage construite à l’extérieur de la ville, à plus de trois kilomètres. 

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Quand vous lancez la bière, elle arrive une heure plus tard.

Frédéric Verstringe, maître brasseur

Tout commence dans cette brasserie vieille de 170 ans. Ici sont brassés le houblon, le malt, l’eau et le sucre. Avec l’augmentation du tourisme dans la ville dans les années 2000, les bières ont connu le succès, y compris à l’étranger. « Beaucoup de touristes sont venus. Certains habitent aux Pays-Bas, et ont demandé : ‘est-ce que c’est possible d’acheter votre bière aux Pays-Bas ?’ Il y a des voyageurs de France, des Pays-Bas, d’Angleterre, du monde entier. L’export, c’est vers 40 pays différents maintenant », explique Inge Vermeire, la guide.

Il a donc fallu produire plus, mais l’espace est devenu trop petit et il a été transformé en restaurant. La maturation et la mise en bouteille se déroulent désormais en dehors de la ville. Résultat, pour acheminer la bière, il y a un pipeline en plastique qui démarre sous la brasserie. « C’est un petit tuyau de 50 cm de diamètre. La pression est vraiment basse, environ 3 à 4 bar. C’est mieux pour la qualité de la bière. Quand vous lancez la bière, elle arrive une heure plus tard », détaille Frédéric Verstringe, maître brasseur.

Un trajet sûr

Ce projet fou à 4 millions d’euros a commencé il y a dix ans. Pour enfouir le Biéroduc, il a fallu éventrer la ville, creuser jusqu’à 37 mètres pour enfouir un gros tuyau. Il a même été immergé dans un canal. Le pipeline termine son parcours dans un bâtiment où la bière est mise en bouteille. Le trajet est sûr, affirme le directeur de la brasserie De Halve Maan, pas de fuite, encore moins de possibilités de vols. 

Du coup, certaines légendes le font bien sourire. « Il y a beaucoup de cafés le long du trajet qui prétendent avoir une connexion directe, mais malheureusement ce n’est pas le cas. Il y a même des gens qui prétendent que l’immobilier le long du trajet aurait augmenté en valeur, mais jusqu’à présent, je crois que ce sont vraiment des petites histoires », plaisante Xavier Vanneste. 

Ces histoires amusent aussi Dirk De Fauw, qui a soutenu le projet. Le bourgmestre de Bruges y voit un avantage majeur : éviter les trajets en camion qui abîment cette ville inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il est fier de cette invention. « Dans d’autres pays, on n’a pas de pipeline de bière, donc quand il y a des étrangers qui viennent dans l’Hôtel de ville, on dit qu’on a quelque chose de spécial, on a un pipeline à bière », lance-t-il. 

Il y a tout de même un autre cas. On trouve chez nos voisins allemands un biéroduc enterré pour un festival. L’exemple belge intéresse ailleurs dans le monde comme aux États-Unis. Un vigneron californien a demandé conseil aux Belges pour se doter lui aussi d’un pipeline, mais cette fois pour le vin.


Virginie FAUROUX | Reportage TF1 : Vincent LAMHAUT et Gautier DELOBETTE

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