Dans les Vosges, un arrêté préfectoral publié en juin dernier empêche les cueilleurs et les revendeurs de champignons de fonctionner comme ils l’ont toujours fait.
Une équipe de TF1 s’est rendue sur place.

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Vos droits

Cueillir un champignon peut désormais faire de vous un voleur. Le 20 juin dernier, la préfecture des Vosges a publié un arrêté visant à encadrer cette pratique. Dans les forêts publiques, la cueillette des champignons est, depuis cette date, limitée à cinq litres par personne et pour un usage uniquement familial. Autrement dit, les cueilleurs souhaitant vendre leurs récoltes ont pour interdiction de ramasser des champignons dans ces espaces. « Dans les forêts ou terrains privés, la cueillette ne peut être réalisée qu’avec l’accord du propriétaire », indique par ailleurs la préfecture des Vosges dans un communiqué. 

« C’est bien dommage, car il y a tellement de champignons », déplore un cueilleur interrogé dans le reportage du JT de TF1 en tête de cet article. Depuis deux ans, ce dernier gagnait 200 euros par mois grâce à cette activité. « Ça m’aidait financièrement pour pouvoir m’en sortir et payer les factures », se désole-t-il. 

Selon la préfecture des Vosges, ces nouvelles règles ont pour objectif de « sauvegarder la biodiversité dans les forêts » et « veiller à la quiétude de la faune sauvage ». Une mesure drastique visant également à prévenir la cueillette intensive. À Golbey (Vosges), les frigos du revendeur « La Forestière du champignon » restent vides depuis des semaines, et les ramasseurs, eux, repartent le panier plein. « Sinon, on va considérer que tu les as volés, et moi, je vais être receleur », explique le propriétaire des lieux à un cueilleur ignorant tout du nouvel arrêté. « J’ai perdu du temps, je suis déçu…« , commente celui-ci. 

« C’est mission impossible. Des fois, pour en amener deux-trois kilos, on fait trois-quatre bois, voire plus« , réagit un autre, accusant le coup après avoir lu le fameux arrêté et la nouvelle obligation d’accord des propriétaires de terrains privés.

On détruit nos propres entreprises

Guy Belin, propriétaire de « La Forestière du champignon »

Le propriétaire de « La Forestière du champignon », Guy Belin, a appris qu’il avait acheté illégalement des champignons lorsque les gendarmes sont venus perquisitionner son entrepôt. Il doit aujourd’hui rembourser des millions d’euros de recettes. « Cette année, on ne sait pas comment on va faire. On fait un essai. On va voir comment réagissent les ramasseurs et s’ils vont trouver les autorisations. Sinon, on ne pourra pas continuer », alerte-t-il.

« L’avenir de la filière est en jeu. On détruit nos propres entreprises, et moi, je trouve ça dingue. Moralement, c’est très difficile », se désole le propriétaire. Après trente ans d’activité, La « Forestière du champignon » pourrait prochainement fermer ses portes, et ainsi faire disparaître l’une des dernières coopératives de champignons de France. 


M.T | Reportage Laurine Jeanson, Vincent Ruckly

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