On s’étonne de lire, dans les colonnes du Monde, d’anciens ministres de la santé donner des leçons aux départements, tout en évitant soigneusement de regarder en face l’héritage qu’ils ont laissé. La vérité qui dérange, c’est que les Français constatent chaque jour l’effondrement d’un système de santé jadis présenté comme un modèle.
Quand près de sept Français sur dix renoncent à des soins, ou les reportent, faute de médecins disponibles, quand les maternités ferment les unes après les autres, que nos hôpitaux sont au bord de la rupture, et que la mortalité infantile ne faiblit pas, c’est qu’il est temps de dépasser les postures, et d’avoir le courage d’une réforme responsable. Ce n’est pas faire injure aux ministres signataires que de constater que les agences régionales de santé (ARS), que l’on nous présentait comme le pivot de la gouvernance sanitaire, ont montré leurs limites.
Pendant la crise du Covid-19, alors qu’il fallait agir vite, ce ne sont pas les ARS, trop bureaucratiques et déconnectées du terrain, qui ont distribué les masques, ouvert les centres de vaccination ou coordonné les soins en mobilisant les professionnels médicaux des services de protection maternelle et infantile et des services départementaux d’incendie et de secours : ce sont les départements, avec les maires.
Dans son discours aux Assises des départements de France, le premier ministre n’a pas proposé de « démembrer les ARS », mais de remettre du bon sens dans un système devenu inopérant, en confiant aux préfets un rôle clair et aux départements une capacité de coordination concrète. On parle de rendre opérationnelle la solidarité républicaine. Car, de toute évidence, et n’en déplaise aux esprits verticaux, c’est sur le terrain que se construit l’accès aux soins, là où les départements font la preuve quotidienne de leur capacité à coordonner, innover et répondre aux besoins réels des populations.
N’est-il pas raisonnable de considérer que l’attractivité et l’implantation d’un médecin dans un bourg rural se traitent utilement avec ceux qui financent les routes, les maisons médicales, apportent la fibre, gèrent les aides sociales et discutent avec les pharmaciens de proximité ?
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