Michel Barnier a ouvert vendredi la consultation sur le Plan national d’adaptation au changement climatique.
Il s’agit d’un texte clé, attendu depuis de longues semaines, et qui est censé préparer le pays à transformer ses logements, ses transports, ses établissements de santé, à de nouvelles conditions climatiques.
Dans ce contexte, le fonds qui porte son nom et destiné aux collectivités victimes d’événements extrêmes va être porté à 300 millions d’euros en 2025, contre 225 millions d’euros l’an dernier.

« S’adapter, ce n’est pas renoncer. » C’est le message que veut faire passer le gouvernement à l’occasion de la présentation du Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC). Il s’agit d’un texte clé, qui était attendu depuis plusieurs semaines. Il devait en effet être présenté avant l’été, mais sa parution avait été retardée par la dissolution de l’Assemblée nationale. 

 

Concrètement, ce plan fixe les grandes lignes de l’adaptation de la France aux conséquences du changement climatique : les températures plus élevées en été, les nuits caniculaires à répétition, les inondations et les tempêtes plus intenses et plus fréquentes, les feux de forêts qui se déplacent vont contraindre le pays et ses infrastructures à fonctionner différemment. 

Toutes les normes revues

Il s’agit du même texte préparé par le gouvernement précédent et le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, qui avait fait consensus parmi tous les ministères concernés : Logement, Agriculture, Transports, etc. La trajectoire de réchauffement retenue pour le pays est la suivante : +2,7°C en 2050 et +4°C en 2100. « Ce réchauffement aura de lourdes conséquences sur notre environnement, a déclaré Michel Barnier lors d’un déplacement consacré au sujet vendredi dans le Rhône. Nous devons, et nous pouvons prévenir ces conséquences, ensemble. Cela doit être une priorité qui nous réunit toutes et tous »

 

Une trajectoire qui suppose de revoir toutes les normes et les référentiels existants, avec des réponses attendues sur des questions clés : comment adapter le temps de travail, les conditions de travail, les transports et les logements, la production agricole, entre autres, à ces nouvelles conditions ? Il s’agit aussi de préparer les établissements de santé, qui, dans une France avec des maximums de température qui changent, pourraient faire face à de nouvelles épidémies.

 

Le plan comporte 51 mesures réparties autour de 5 axes : protéger la population, « assurer la résilience des territoires, des infrastructures et des services essentiels », adapter les activités humaines, protéger le patrimoine culturel et naturel et, enfin, mobiliser les citoyens. Cette dernière partie fait notamment référence au service civique, avec 10 000 jeunes formés aux questions d’adaptation. Une carte nationale d’exposition aux risques sera publiée d’ici à 2027.

 

Dans ce plan soumis à la consultation du public pendant deux mois, se trouvent 14 mesures plus concrètes. Il s’agit par exemple de renforcer le fonds Barnier pour mieux réagir face aux catastrophes naturelles : le Premier ministre a d’ailleurs annoncé qu’il passerait de 225 millions d’euros l’an dernier à 300 millions d’euros en 2025. 

Préparer les logements aux canicules à répétition

Côté logement, le texte prévoit de préparer maisons et appartements aux épisodes de canicules à répétition : de la même façon que les travaux de rénovation doivent permettre de diminuer le nombre de passoires thermiques sur le territoire, il s’agit de lutter contre les « bouilloires » l’été. Toujours sur le sujet des températures, le secteur privé va devoir travailler aux conditions de travail par fortes chaleurs, et un plan spécifique est prévu pour les Outre-Mer. Ces nouvelles conditions seront également intégrées dans les référentiels de travail des agents publics. Les entreprises structurantes pour le territoire (SNCF, EDF) devront aussi améliorer leur plan de vulnérabilité.

 

Pour anticiper les épisodes de sécheresse, des études sont prévues sur l’approvisionnement en eau potable, et le sujet doit être au cœur d’une grande conférence sur l’eau d’ici à la fin de l’année. Chaque territoire devra se saisir de ce cadre de réflexion pour l’adapter à ses spécificités locales : le PNACC prévoit un « guichet unique » pour les collectivités qui pourront s’y adresser pour leurs projets sur ces sujets, derrière lequel se trouveront tous les organismes spécialisés de l’État : Cerema, Ademe, etc. Côté patrimoine culturel, dix premiers sites se verront dotés d’un plan d’adaptation dès 2025.

 

Ce PNACC fixe donc les grandes lignes dont devront s’emparer les acteurs publics et privés, les institutions, les organisations et les entreprises, mais aussi les citoyens. Il comporte toutefois peu de mesures contraignantes, puisqu’il n’aura pas de traduction législative. 

 

Enfin, ce travail sur l’adaptation du territoire est mené de front avec les programmes d’atténuation : il s’agit donc de s’adapter aux conséquences du changement climatique tout en continuant à diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Après la parution de la Stratégie nationale biodiversité l’an dernier, le PNACC vendredi, la conférence sur l’eau à venir, d’autres documents sont attendus dont la Stratégie nationale bas-carbone (qui fixe la trajectoire de réduction des émissions), la programmation pluri-annuelle de l’énergie (PPE), un texte stratégique qui pilote la transition énergétique du pays, dans les deux semaines à venir.


Marianne ENAULT

Partager
Exit mobile version