Baies vitrées, sol moquetté et expressos à disposition : la pièce pourrait ressembler à n’importe quelle salle de réunion d’un immeuble de bureaux. Mais, au siège de Monoprix à Clichy (Hauts-de-Seine), des centaines d’objets, assemblage hétéroclite de formes et de couleurs, s’entassent au sol et sur les étagères. Tous sont le fruit des collaborations de l’enseigne avec des designers ou des architectes d’intérieur, depuis une dizaine d’années : un vase à trois pieds signé Ionna Vautrin, des tasses au motif d’aquarelle de Constance Guisset, une chaise en velours de Vincent Darré, un chariot de courses doré d’India Mahdavi… Parmi les dernières pièces arrivées : un fauteuil rose poudré de Fleur Delesalle et la réédition d’un globe lumineux signé Jean-Pierre Garrault et Henri Delord, extraits d’une collection qui sortira début décembre et rassemblant neuf créateurs français, pas moins.

« On est un peu voire carrément boulimiques ! », reconnaît Lilian Rosas, directrice générale adjointe de Monoprix et directrice textile, maison, loisirs, qui, depuis son arrivée, en 2009, totalise quelque 170 collaborations, mode et design confondus. « Souvent, face à la créativité des designers invités, on ne sait pas s’arrêter : quatre modèles de coussin en deviennent douze, un jeu d’assiettes se transforme en un service entier d’art de la table… Et nous pouvons nous le permettre, car, derrière, nos processus de fabrication sont extrêmement établis », poursuit cette native du Brésil devant des piles de cartons contenant les prototypes et les fiches techniques des collections passées.

L’ambition de l’enseigne, qui a commencé par des objets de décoration et prend aujourd’hui une inflexion vers le petit mobilier, est de s’inscrire dans le sillage de Prisunic (fusionné avec Monoprix en 1997) et son « design pour tous », expression consacrée par une exposition au Musée des arts décoratifs de Paris, en 2021-2022 (« Le design pour tous : de Prisunic à Monoprix, une aventure française »). Soit des pièces du quotidien signées par des grands noms et accessibles à tous, selon un slogan devenu célèbre : « Le beau au prix du laid ».

« Tester, rater, recommencer »

C’est dans le bric-à-brac bien ordonné de Clichy, où l’on ­s’assoit sur les chaises rondes de l’Italienne Gae Aulenti (créées pour Prisunic en 1969, rééditées en 2023), que naissent les collections égayant chaque année les linéaires des magasins. Les designers y présentent leurs intentions, découvrent les prototypes, valident les modèles jusqu’à la mise en rayons finale. « Quand on entre dans cette caverne d’Ali Baba, on se rend compte en un clin d’œil de tout ce qu’il est possible de faire : les formes, les matériaux, la production… », raconte India Mahdavi, qui a signé « dans la joie » deux séries d’objets en 2017 et en 2020. La designer et architecte star n’a pas hésité quand le bureau de style de Monoprix l’a contactée la première fois : « J’y ai vu l’opportunité d’abolir les frontières entre l’image exclusive que l’on peut se faire du design et des pièces résolument plus abordables. Une telle carte blanche, ça ne se refuse pas. »

Il vous reste 71.57% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version