Motawassim L., né au Maroc en 2003, est arrivé en France à l’âge de 13 ans quand sa famille s’est installée à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Troisième d’une fratrie de cinq, élève brillant, il a obtenu son bac spécialité mathématiques et physique avec la mention très bien, et intégré l’université Paris-Dauphine-PSL, où il poursuit un master d’informatique. Il vise un poste « à haute responsabilité et à haute technicité » dans le domaine de l’intelligence artificielle. Allure sage, langage soutenu, casier vierge.

Le 7 octobre 2024, premier anniversaire de l’attaque terroriste commise par le Hamas en Israël, Motawassim L. s’est connecté de chez ses parents, où il vit toujours, à l’intranet de l’université, et a profité d’une faille dans la sécurité informatique pour modifier les profils de 18 étudiants, tous juifs, remplaçant leurs photos ou leurs avatars par un drapeau palestinien orné d’un poing serré et du slogan « Free Palestine ».

Alerté par l’Union des étudiants juifs de Dauphine (UEJD), le président de l’université avait fait un signalement au procureur, et Motawassim L., démasqué, comparaissait jeudi 10 juillet devant la 13e chambre du tribunal de Paris, habituée aux contentieux liés à la cybercriminalité, mais pas à des dossiers aussi inflammables.

« Pas d’intention haineuse »

Aucun élément ne permettant d’établir le caractère antisémite de ce piratage, selon les enquêteurs, le prévenu était jugé pour le seul délit de « modification frauduleuse des données d’un système de traitement automatisé ». Une qualification scandaleuse aux yeux de la quinzaine d’avocats côté parties civiles, qui ont unanimement réclamé l’ajout de la circonstance aggravante selon laquelle les faits auraient été commis « à raison de l’appartenance à une religion ».

« Il n’y avait pas d’intention haineuse ou discriminatoire, je n’ai pas visé des personnes en raison de leur religion, s’est défendu Motawassim L. C’était plutôt politique, dans le contexte de la contestation étudiante. » L’idée, selon lui, était de s’en prendre à l’UEJD, à laquelle il impute des débordements – ou au moins une tolérance aux débordements – au sein de l’université lors des conférences en soutien à la cause palestinienne ou lors des minutes de silence en hommage aux morts de Gaza. « Il y aurait eu d’autres manières de faire plus pacifiques », convient-il, mais il « refuse d’être accusé d’antisémitisme ».

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