Dans le bureau de Stefano Maccioni, au sud de Rome, Pier Paolo Pasolini est partout. Dans la bibliothèque de l’avocat de 59 ans s’empilent les livres du célèbre écrivain, poète et cinéaste italien. Au mur figure une photographie du fervent catholique, homosexuel assumé et militant communiste, opposé à la fois à la société de consommation et au droit à l’avortement.

Et, sur son bureau, d’épais classeurs sont remplis de coupures de presse sur cette figure inclassable de la gauche italienne du XXe siècle qui, parallèlement à son œuvre littéraire, n’a cessé de dénoncer la corruption des élites politiques, la survivance du fascisme et le pouvoir de la Mafia dans d’implacables éditoriaux publiés dans le quotidien Corriere della Sera, de 1973 à sa mort, violente et mystérieuse, deux ans plus tard.

Dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975, le réalisateur d’Accattone (1961) et de Théorème (1968) a été retrouvé mort, tabassé et écrasé par une voiture sur un sordide terrain vague d’Ostie, la banlieue côtière de Rome. Il avait 53 ans. Sur la scène de crime, la police n’établit aucun périmètre de sécurité et laisse les curieux du quartier populaire s’agglutiner autour du cadavre de l’artiste, recouvert d’un drap à la va-vite.

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