Une ligne de production de yaourts dans une usine d’un grand grand groupe coopératif agroalimentaire français, dans l’Yonne, en septembre 2022.

Lorsque l’on évoque les transformations à entreprendre des sociétés et économies mondiales pour atteindre la neutralité carbone, le débat achoppe souvent sur la question du coût de la transition : qui va payer, pour quel montant ? Une étude, publiée mardi 26 mars, évalue le coût de la baisse des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole, qui représentent environ un tiers des émissions mondiales. Pour réduire celles-ci de moitié d’ici à 2030 afin de tenir les objectifs de l’accord de Paris de limiter le réchauffement planétaire à 2 °C, et si possible 1,5 °C, il en coûterait 205 milliards de dollars, soit 189 milliards d’euros, chaque année, entre 2025 et 2030, estime la Food and Land Use (FOLU) Coalition, un partenariat de plusieurs organisations de recherche et d’expertise (World Resources Institute, World Farmers’ Organisation, EAT…).

« Cette somme peut paraître colossale, mais cela correspond en fait à moins de 2 % des revenus annuels du secteur agroalimentaire et une partie de ce montant peut générer des retours sur investissement et des économies », fait remarquer Morgan Gillespy, directrice de la coalition FOLU. « Ce montant est en phase avec de précédentes estimations de coûts », note Mario Herrero, professeur à l’université Cornell (Etat de New York). Pour ce spécialiste reconnu des systèmes alimentaires, qui n’a pas participé aux travaux de la coalition FOLU, cette nouvelle étude vient rappeler que « non seulement nous n’avons pas eu jusqu’ici les engagements à lever ces fonds, mais qu’il faut en outre aller au-delà des promesses pour sortir réellement l’argent, et ce tous les ans ».

L’intérêt de cette étude est de considérer la chaîne de production alimentaire dans toute sa complexité et d’étudier à quels échelons incombent les transformations. De la mise en œuvre de principes agroécologiques à la séquestration du carbone dans les sols et à la fertilisation organique, la plupart des changements à opérer relèvent des pratiques des agriculteurs eux-mêmes, constate la coalition FOLU. Or, « les agriculteurs sont les moins à même de payer pour la transition, souligne Mme Gillespy. Ils travaillent déjà dans un environnement incertain, soumis aux aléas climatiques, et s’ils devaient absorber seuls le coût des transformations, beaucoup se déclareraient en faillite ».

Le rapport se penche en effet sur plusieurs études de cas sectoriels et montre que pour une petite coopérative d’élevage bovin, le coût de la baisse des émissions atteindrait 17 % de son chiffre d’affaires, quand il ne serait que de 1 % pour les grandes multinationales.

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