Les dirigeants du monde entier ont rendez-vous lundi à Bakou, en Azerbaïdjan, pour l’ouverture de la COP29.
L’élection de Donald Trump et la tenue de la conférence dans un pays autoritaire et pétrogazier ont jeté un froid sur les négociations.
Mais le contexte ne doit pas empêcher de rappeler l’utilité des COP, la baisse de la déforestation en Amazonie ou encore les perspectives positives sur la recyclabilité des métaux précieux nécessaires à la transition.

C’est presque une certitude : l’année 2024 devrait être l’année la plus chaude jamais enregistrée. Le service européen Copernicus doit encore le confirmer, mais la tendance est claire : il s’agirait de la première année avec une température moyenne du globe supérieure de 1,5 degré par rapport à la période pré-industrielle. 

Et ce n’est pas la seule mauvaise nouvelle pour la planète, alors que s’ouvre lundi 11 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, la COP29, conférence des Nations unies sur le climat : inondations meurtrières dans la région de Valence , en Espagne, épais nuage de pollution sur le nord de l’Inde et le Pakistan en partie en raison du diesel de mauvaise qualité, rythme d’amélioration de l’efficacité énergétique dans les pays insuffisant selon un rapport tout juste paru de l’Agence internationale de l’énergie (AIE)… et évidemment, élection de Donald Trump aux États-Unis . Lors de son premier mandat, le milliardaire a sorti son pays de l’Accord de Paris, coupé les fonds d’agences fédérales essentielles et tenu des propos climatosceptiques. 

Sans les COP, un réchauffement plus fort

Enfin, la COP29 est organisée en Azerbaïdjan : un pays pétro-gazier et autoritaire , dans lequel de nombreux militants des droits de l’Homme, du climat et des journalistes ont été arrêtés ces derniers jours. Le Parlement européen a même jugé cette situation « incompatible » avec la tenue de la COP dans le pays. 

Alors, a-t-on tout de même des bonnes nouvelles sur le front du climat ? Quelques tendances positives se dessinent, et dans le contexte actuel, il est important de les souligner. D’abord, les COP sont utiles : ces conférences annuelles organisées depuis le Sommet de la Terre à Rio en 1992 – et les mécanismes créés – ont permis d’éviter les émissions de plusieurs milliards de tonnes de CO2. Et si le monde est loin de maintenir le réchauffement sous la barre des 1,5 degré, les COP ont permis de l’éloigner d’une trajectoire bien plus risquée, à +3 ou 4 degrés.

La Chine proche de son pic d’émissions

Ainsi, si en 2015, lors de l’Accord de Paris, les politiques de l’époque plaçaient le monde sur la trajectoire d’un réchauffement de +3,5 degrés d’ici à 2100 par rapport à l’ère pré-industrielle, neuf ans plus tard, les nouveaux engagements officiels ont infléchi la trajectoire à +2,6 / +2,8 degrés selon les calculs de l’ONU Environnement.

Ensuite, la Chine, responsable de près d’un tiers des émissions mondiales de CO2, serait proche de son pic d’émissions de gaz à effet de serre, en avance par rapport à son objectif de 2030. C’est notamment grâce à sa politique très dynamique en matière d’énergies renouvelables, et notamment les panneaux solaires. Selon CarbonBrief, les émissions du pays n’ont pas augmenté au troisième trimestre 2024. Et si la hausse des renouvelables se poursuit, la Chine pourrait bientôt les faire diminuer.

Réduire ses émissions et prospérer ? C’est possible

Sur ce sujet, l’Agence internationale de l’énergie estime toujours possible que le pic mondial de consommation des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) intervienne avant 2030 grâce à l’essor des technologies propres, et ce, même si les pays producteurs de pétrole augmentent le nombre de barils.

Par ailleurs, selon une étude de l’institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat, 30% de 1500 régions du monde ont « réussi à réduire leurs émissions […] tout en continuant à prospérer économiquement » ces trente dernières années. Par exemple, les pays de l’Union européenne ont réduit leurs émissions de 37% depuis 1990 tandis que le PIB augmentait de 68%, selon la Commission européenne.

Parier sur la possibilité de recycler les métaux rares

Côté énergies renouvelables , elles ont connu en 2023 une croissance de 50%, « la plus rapide de ces deux dernières décennies« , selon l’AIE. Et en 2025, les renouvelables devraient dépasser le charbon pour devenir la source principale dans la production d’électricité.

Et si les métaux rares sont un sujet critique pour la transition – la course au cuivre, cobalt, nickel et lithium affole la planète – leur capacité à être recyclés va se développer. Selon Mario Draghi, l’ancien président de la Banque centrale européenne, la circularité des métaux pourrait répondre à elle seule à 50% de la demande mondiale à terme. 

Mieux, selon le groupe de réflexion américain spécialisé RMI, avec l’amélioration des techniques de recyclage, et l’extension de la durée de vie des batteries, la demande pour des minéraux vierges destinés aux batteries pourrait être nulle d’ici à 2040. Le recyclage pourrait alors suffire aux besoins du marché des batteries électriques : les mines – et leurs effets pervers, utilisation de la ressource en eau et exploitation des travailleurs – deviendraient inutiles.

Enfin, le rythme de la déforestation de l’Amazonie brésilienne, poumon vert et ventilateur de la planète, a chuté de 30,6% sur un an entre août 2023 et juillet 2024. C’est insuffisant, et ce rythme doit s’accélérer, tempèrent les experts, mais c’est une bonne nouvelle, après les années Bolsonaro pendant lesquelles la forêt brésilienne avait été dévastée. 

Son successeur, Lula, en a fait une priorité. Le sujet sera d’ailleurs au cœur de la prochaine COP : la COP30 se tiendra à Belém, au Brésil. Chaque pays devra alors s’engager sur de nouveaux objectifs de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre.


Marianne ENAULT

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