À l’issue du second tour des élections législatives, Emmanuel Macron devra nommer un nouveau gouvernement.
À l’heure actuelle, alors qu’aucun camp ne semble en mesure d’obtenir une majorité absolue, difficile de prédire quelle option il choisira.
Quels scénarios s’offrent à lui ?

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Élections législatives 2024

Une fois les 577 nouveaux députés élus, il faudra s’atteler à la composition d’un nouveau gouvernement. Une tâche qui s’annonce difficile pour Emmanuel Macron, puisqu’à quatre jours du second tour des élections législatives, les sondeurs ne prédisent pour aucun des trois principaux blocs politiques en lice l’obtention d’une majorité absolue. Quelles solutions s’offrent donc au chef de l’État pour continuer à gouverner et essayer de faire avancer les choses jusqu’à la fin de son quinquennat en 2027 ?

La cohabitation

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Excluons d’emblée la possibilité pour le camp présidentiel de réunir une nouvelle majorité, absolue ou relative, au soir du 7 juillet. L’alliance de gauche réunie sous la bannière du Nouveau Front populaire apparaît également peu en position de remporter les élections. Seul le Rassemblement national semble encore en mesure d’obtenir une majorité absolue. « Aujourd’hui, il y a un bloc en situation d’avoir une majorité absolue à l’Assemblée nationale, c’est l’extrême droite. Ni LFI, ni le Nouveau Front populaire, ni nos candidats ne sont en capacité de former seuls une majorité absolue à l’Assemblée nationale », a reconnu le Premier ministre Gabriel Attal ce mercredi sur France Inter.

En cas de cohabitation, l’hypothèse la plus probable serait qu’Emmanuel Macron ait à gouverner avec un chef de gouvernement issu du Rassemblement national, soit Jordan Bardella. Mais craignant de ne pas se voir accorder la confiance ou d’être démis par une motion de censure, ce dernier a déjà prévenu qu’il n’accepterait la proposition que s’il était en mesure de réunir une majorité absolue, soit avec ses seuls députés, soit en s’alliant avec d’autres parlementaires, issus des Républicains par exemple.

Le gouvernement d’union nationale

Sans majorité claire et si le poste de Premier ministre proposé par Emmanuel Macron a été refusé par le camp ayant obtenu une majorité, le président de la République peut essayer de constituer un gouvernement d’union nationale. L’idée fait son chemin dans la classe politique, des Républicains aux écologistes. Plusieurs se sont déjà dits intéressés et estiment qu’il faut réfléchir à cette solution, la seule capable de tenir le RN éloigné de Matignon. Parmi les options évoquées : « un gouvernement d’union nationale dans le sillage du Conseil national de la résistance, allant des gaullistes à la gauche » ou un « gouvernement de sursaut national » c’est-à-dire « un gouvernement provisoire de la République comme ça existait à une époque quand il a fallu reconstruire ».

Mais un tel gouvernement implique de se mettre d’accord sur un programme, même a minima, et sur le nom d’un Premier ministre qui ferait consensus pour recueillir la confiance à l’Assemblée nationale. 

Un gouvernement technique

Une autre option qui s’offre à Emmanuel Macron, c’est la composition d’un gouvernement technique, composé non pas d’élus issus de partis politiques, mais d’experts de différents domaines pour occuper les places dans chaque ministère, issus de la société civile ou hauts fonctionnaires rompus à l’administration française. « Dans ce cas-là, on nomme un général aux Armées, un professeur de droit à la Justice, un grand directeur de banque à l’Économie et aux Finances et ainsi de suite », résumait sur LCI le 18 juin dernier le constitutionnaliste Dominique Chagnollaud de Sabouret. Mais il ne s’agit pas d’une solution viable sur le long terme.

Un gouvernement de transition

Une solution à encore plus court terme pourrait être le maintien du gouvernement actuel dans la gestion des affaires courantes. « Faute de majorité stable, il y aura surement ce qu’on appelle un gouvernement de transition », expliquait il y a quelques jours Mathilde Philip-Gay, professeure de droit public à l’université Lyon 3, auprès de TF1info. « Cela veut dire que le gouvernement actuel reste en place, mais il expédie simplement les affaires courantes. Il fait tout ce qui a été décidé avant la dissolution, mais il ne décide rien de nouveau. » Ce scénario aurait des avantages alors que la France se prépare, quasi immédiatement après le second tour, à accueillir les Jeux olympiques.

Aussi, sont a priori exclues l’hypothèse d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, celle-ci n’étant plus possible avant un an, et celle de l’attribution des pleins pouvoirs à Emmanuel Macron en vertu de l’article 16 de la Constitution. Les conditions – « les institutions de la République, l’indépendance de la nation, l’intégrité de son territoire ou l’exécution de ses engagements internationaux sont menacées d’une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu » – n’étant pas réunies.


Justine FAURE

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