Des avions de chasse Rafale sur le pont du porte-avions Charles-de-Gaulle, en mer Rouge, en décembre 2022.

Sans le Rafale et son arsenal embarqué, que serait l’industrie française sur le marché des ventes d’armes ? Elle pèserait d’un poids très moyen et serait même « marginalisée », n’hésite pas à souligner Marc Chassillan, ingénieur de l’armement et consultant défense, alors que le pays occupe désormais la deuxième place mondiale par la valeur de ses exportations, selon le dernier rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, publié en mars. Loin, il est vrai, des Etats-Unis, mais désormais devant la Russie, mobilisée pour fournir ses armées engagées dans la guerre en Ukraine.

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L’avion multirôle (défense aérienne, reconnaissance, dissuasion nucléaire, frappes air-sol, lutte antinavire…) ne participe pas directement à l’« économie de guerre », puisqu’il n’est pas engagé en Ukraine, encore moins livré à Kiev. Mais il a effectué des exercices conjoints avec des F-16 roumains et des missions de police du ciel au-dessus des Etats baltes. Et comme tout industriel aiguillonné par l’envolée des budgets militaires, Dassault Aviation monte en cadence.

Le groupe a annoncé, en mars, qu’il pourrait sortir trois Rafale par mois à la fin de 2024 (au lieu de deux) dans son usine de Mérignac (Gironde), et monter à quatre en 2025. Son PDG, Eric Trappier, estimait il y a quelques mois qu’« on [avait] un moment Rafale (…) qui [allait] durer un certain temps », convaincu que « la géopolitique [était] en faveur de la France » quand de nombreux pays ne veulent acheter ni américain ni russe.

Manne partagée entre divers acteurs

Dernier « prospect » en date : la Serbie. Le pays balkanique souhaite acquérir une douzaine de Rafale, mais sa proximité historique avec la Russie, à laquelle elle achète beaucoup d’armes, et le dossier pendant du Kosovo retardent la signature d’un contrat estimé à 3 milliards d’euros. En 2022, année record pour Dassault, toutes les commandes (92 appareils) ont été passées par des pays étrangers, les Emirats arabes unis en ayant acheté quatre-vingts à eux seuls.

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Le Rafale a ainsi représenté 21 milliards d’euros, soit 78 % des 27 milliards totalisés par les commandes à l’exportation des entreprises françaises de défense cette année-là. Une manne partagée entre divers acteurs. Ses ventes ont gonflé les carnets de commandes de Safran (moteurs, optronique, bombes air-sol…), de Thales (radars, capteurs infrarouges, viseurs de casque…) et du missilier MBDA. Elle a également fourni du travail à plus de quatre cents PME et ETI (Ametra, Realmeca, Decomatic…). Au total, l’avion de combat assure au moins sept mille emplois directs et indirects en France.

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