Caroline Ferriol est la fondatrice de Fée Dodo, un collectif d’experts qui accompagne les parents sur toutes les questions de troubles du sommeil et de la nutrition des bébés.
Pour TF1 Info, elle dévoile les principales erreurs commises par les parents concernant le sommeil des bébés.
La consultante et conférencière partage également ses méthodes pour passer d’une stratégie de sommeil dépendante à autonome.

Le sommeil des bébés fait l’objet de multiples questions dans la vie des jeunes parents. Si chaque nourrisson est unique, leur sommeil repose sur plusieurs principes qu’il est primordial de connaître. Si les parents reçoivent de nombreuses informations au sujet de la nutrition des bambins, ils sont très souvent livrés à eux-mêmes en ce qui concerne le sommeil, précise Caroline Ferriol, autrice du best-seller Le grand guide du sommeil de mon bébé et Mon bébé pleure beaucoup ! La consultante spécialiste du sommeil des bébés et des enfants livre ses meilleurs conseils pour permettre d’accompagner son nourrisson vers le sommeil.

Quelles sont les principales erreurs commises par les parents concernant le sommeil des bébés ?

Caroline Ferriol : Les parents vont avoir une grande méconnaissance des besoins de sommeil des bébés et de leurs capacités en termes de temps d’éveil. Les deux sont corrélés. C’est ce qui va souvent être le lieu de beaucoup de problématiques. Par exemple, pour un petit de deux mois qui a un temps d’éveil de 60 minutes globalement, son cerveau va entrer en sur-stimulation s’il reste éveillé ou stimulé pendant deux, trois heures. Il peinera donc à trouver le sommeil, même s’il est extrêmement fatigué. En plus, son taux de cortisol va augmenter, ce qui pourrait provoquer un besoin de décharger, de pleurer beaucoup avant de pouvoir s’endormir. Il faut donc lui proposer un environnement de sommeil adéquat avant qu’il ne soit trop fatigué ou trop stimulé. Ce qui est très complexe avec les bébés, c’est qu’on ne capte pas toujours les premiers signes de fatigue. Lorsqu’ils pleurent ou baillent, c’est parfois déjà trop tard. 

Naturellement, chaque parent souhaite répondre aux besoins de sommeil et de nutrition de son enfant. Mais lors des premières semaines de cohabitation, ce n’est pas simple d’identifier ce qu’il veut. De plus, un bébé qui a faim peut refuser de manger pour de multiples raisons, et il en va de même pour le sommeil. C’est extrêmement compliqué. Et c’est la raison pour laquelle 76% des enfants de moins de trois ans en France manquent de sommeil. Pour moi, c’est important de dire que ce n’est pas la faute des parents. Ce qui pèche, c’est l’absence de politique publique d’information pour les parents, et même au niveau des professionnels. Ils ne sont ni formés ni informés. Donc, ils ne peuvent pas aider les parents qui veulent trouver des clés sur ces sujets.

Avez-vous des conseils pratiques à donner aux parents pour favoriser un coucher simple et des temps de sommeil adéquats ?

Oui, complètement. Alors, l’idéal, c’est vraiment l’idée d’observer son enfant pour le coucher au moment idéal pour lui, lorsqu’il n’est pas encore trop fatigué, mais suffisamment assez pour réussir à s’endormir. La deuxième chose, c’est de lui proposer des rituels de coucher. Avant le coucher du soir, un rituel de 20-30 minutes avec des actions qui sont toujours similaires (changement de couche, bisous, bruits blancs…). Les gestes doivent être toujours identiques pour permettre au cerveau de pouvoir vraiment se préparer à aller vers le sommeil. De plus, ce que j’indique aux parents également, c’est de pouvoir mettre l’enfant, en tout cas à partir de 2-3 mois, dans des environnements de sommeil adaptés. C’est-à-dire dans une chambre avec de la pénombre, dans un lit adapté à sa taille et à sa sécurité. Et pour cause, il va avoir suffisamment conscience de son environnement et avoir une horloge circadienne assez mature pour pouvoir être impacté à la fois par la lumière que par le sommeil. Cela vaut pour la nuit comme pour les siestes en journée.

Beaucoup de parents vont mettre en place des stratégies de sommeil dépendantes avec leurs bébés, comme l’endormir avec la tétine, au sein ou dans les bras. Peuvent-ils être par la suite bloqués et avoir des difficultés à passer vers un endormissement autonome ?

En effet, ils peuvent à la fois être bloqués, mais surtout ne pas comprendre pourquoi leur enfant se réveille au bout de quelques minutes une fois posé dans le lit ou toutes les heures de la nuit. Il peut ensuite être facile de projeter des choses comme « mon enfant n’aime pas dormir », « il a peur » etc. Et c’est extrêmement dommage parce qu’il s’agit simplement de stratégies de sommeil et d’une mauvaise compréhension. Si vous suivez une stratégie de sommeil dépendante et qu’elle ne vous convient pas, sachez qu’il est possible de la faire évoluer à tout instant. Les actions dépendent naturellement des habitudes mises en place. Mais globalement, pour redonner le pouvoir à votre enfant au niveau de son sommeil, il vous suffit de sortir de ce rôle-là. Votre mission est simplement de l’accompagner sur ce chemin. Pour un bébé habitué aux bras, on peut par exemple lui offrir de la contenance via de l’emmaillotage. Au fur et à mesure qu’il grandit, j’enlève la couverture d’emmaillotage, en commençant par quelques heures dans la nuit puis par des nuits complètes. Si votre bambin aime être bercé, vous pouvez le bercer de la main dans son lit plutôt que de le faire dans vos bras. Puis, petit à petit, on réduit les bercements.

Pour les enfants plus grands, c’est parfois plus long, plus difficile. Et pour cause, un changement d’habitude engendre une frustration. Cela va provoquer une phase de deuil et de colère chez l’enfant, qui n’a pas la possibilité de rationaliser ce changement-là. Il est très important de l’accompagner durant cette transition. Vous pouvez lui dire que vous comprenez sa colère, sa peine, et que vous êtes là pour lui. Peu importe le temps que ça dure, sachez que le sommeil reviendra naturellement. Montrez surtout à votre enfant que vous êtes en phase et en paix avec votre décision. Grâce à votre posture, le ton de votre voix et votre assurance, il comprendra que vous êtes serein. Ainsi, il sera lui-même en confiance pour trouver le sommeil de façon autonome. Au fur et à mesure des jours, les choses vont être de plus en plus faciles. En trois jours, on observe déjà les premiers changements. Si en trois jours, vous ne remarquez aucune amélioration, c’est qu’il y a autre chose en jeu. Il peut s’agir du facteur nutrition, d’une maladie, de la température de la chambre non adaptée (qui doit se situer entre 18 et 20 degrés), de la surstimulation, des temps de sieste trop courts en journée… Il y a énormément de choses à regarder et c’est pour ça que l’essentiel pour les parents est de s’informer. Fée Dodo permet de donner de l’information aux parents, pour mieux comprendre et accompagner leur enfant sur le chemin du sommeil.


Marjorie RAYNAUD pour TF1 INFO

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