Le handicap sensoriel, physique ou mental empêche beaucoup de personnes de pratiquer du sport.
Les salles restent inadaptées, les coachs manquent de formation et les personnes n’osent pas se lancer.
L’association Une bulle dans les nuages, qui accompagne des athlètes handisports de CrossFit, donne quelques astuces pour favoriser l’accès au sport des personnes handicapées.

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Jeux olympiques et paralympiques

Alexis Hanquinquant (para-triathlon), Pauline Déroulède (tennis fauteuil), Mandy François-Elie (para athlétisme), Sandrine Martinet (para judo)… Les Jeux paralympiques débutent ce 28 août. Ces douze journées d’exploits sportifs ne doivent pas faire oublier que les personnes handicapées ont beaucoup de difficultés à pratiquer un sport.

Aujourd’hui, en France, 48 % des personnes en situation de handicap ne pratiquent pas d’activité physique et sportive. C’est 14 points de plus que sur l’ensemble de la population. « Souvent, elles ne trouvent pas de structure près de chez elles pour pratiquer le sport de leur choix et les accueillir », reconnaît le ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques.

Le constat dressé, le ministère a lancé la stratégie nationale sport et handicaps fin 2020. Le Comité paralympique et sportif français et l’Association nationale des élus en charge du sport ont élaboré un guide des para sports. « L’objectif partagé consiste à faire du club de proximité la première porte d’entrée vers une pratique pérenne pour chaque personne en situation de handicap », souligne Marie-Amélie Le Fur, Présidente du Comité paralympique et sportif français. Principal défi, former 3 000 clubs sportifs à l’accueil et à l’inclusion des personnes en situation de handicap.

Salles et matériels inadaptés

Dans le Gard, Nathalie et Frédéric Belot animent l’association Une bulle dans les nuages. Leur fils d’une vingtaine d’années vit avec une déficience intellectuelle et une légère neuropathie. « Nous voulons démocratiser l’accès au sport et au CrossFit pour tous ceux et celles qui souhaitent pratiquer en loisir ou qui ont des ambitions de haut niveau », s’enthousiasme le couple. L’association accompagne aujourd’hui 25 athlètes de toute la France du cyclisme au canoë en passant par le CrossFit. « Nous les accompagnons sur les lieux de compétition, nous avons notamment un triathlète qui marche avec des béquilles et qui ne peut pas porter son matériel. Nous les aidons à remplir des papiers administratifs et nous aidons financièrement ceux qui le demandent. Nous organisons un soutien mental pour ceux qui en ont besoin. Nous avons également un coach mental et des nutritionnistes », décrit Frédéric Belot.

L’ancien militaire assure que le monde du sport ne prend pas la mesure du handicap et ne peut pas y faire face : « La plupart des salles de sport sont low-costs, elles n’ont pas de coach et vous devez prendre en plus de l’abonnement un personal trainer. Le coach, sans formation, refuse de s’occuper des personnes handicapées : il ne sait pas adapter les mouvements et les charges. La majorité des machines sont tactiles et inadaptées aux personnes aveugles. Certaines marques développent des marquages en braille, mais les salles n’ont pas les budgets pour les acheter ». Pratiquer chez soi s’avère tout aussi compliqué. Le matériel spécifique, souvent sur mesure, coûte toujours très cher et difficile de le faire financer. « Une corde à sauter pour un sportif amputé d’un membre supérieur se trouve à partir de 150 euros, même chose pour le matériel à sangle pour des tractions. Sans demande, les fabricants n’ont pas de stock et ça devient difficile de s’en procurer », regrette le coach spécialisé. Le couple raconte que même des lieux de compétitions restent impraticables : « Nous avons dû porter des fauteuils dans les escaliers. »

Formation et adaptation

Frédéric Belot reconnaît que se former au handicap demande du temps. « Il existe tellement de pathologie, handicap physique en fauteuil avec ou sans fonction de hanche, des personnes amputées des membres avec différents points de contact, des personnes de petite taille, du handicap sensoriel, des déficiences intellectuelles, neuropathiques, etc. Il faut également gérer l’inconstance : des personnes n’écoutent pas du tout les consignes pendant des semaines avant de se remettre à fond pendant plusieurs jours… C’est très énergivore, mais il faut rester patient sur les objectifs à atteindre ».

La solution ? Communiquer et expliquer à tous, sportifs handicapés et coachs que tout reste possible, mettre le paquet sur la formation des coachs et accompagner les personnes handicapées. « Aujourd’hui, les personnes handicapées qui veulent faire du sport se débrouillent toutes seules pour trouver les moyens de s’entraîner », assure Frédéric Belot. Le coach spécialisé rappelle que tout est adaptable. Il lance un défi aux professionnels : « Chacun doit se questionner sur la manière de faire un mouvement et doit pouvoir l’adapter. Il faut maîtriser l’anatomie ». Pour lui, le coach à domicile peut créer un climat de confiance entre le coach et la personne entraînée : « En salle, le regard de l’autre peut devenir une gêne à la pratique. Des personnes bodybuildées peuvent pétrifier une personne en surcharge pondérale. Chez elle, la personne sait ce qui l’attend et le coach peut mieux mettre en place son travail ».

Le couple compte beaucoup sur les Jeux paralympiques pour changer la donne : « La diffusion des évènements, la communication apporte de la visibilité et peut pousser les mentalités. »


Geoffrey LOPES

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