
Lorsque Iqlusion, une start-up américaine du secteur des cryptomonnaies, a eu besoin de développeurs en 2021, elle a embauché « Jun Kai » et « Sarawut Sanit ». Ces deux experts travaillaient à distance : depuis Singapour, disaient-ils. « Je leur ai parlé quasiment tous les jours pendant un an. Ils faisaient le boulot. Et j’étais, franchement, assez content », a raconté Zaki Manian, le cofondateur d’Iqlusion, au site spécialisé Coindesk. Plusieurs mois après leur départ, le chef d’entreprise reçoit un message du FBI : les portefeuilles de cryptomonnaies sur lesquels leurs salaires étaient versés sont liés au régime nord-coréen.
Iqlusion, comme des centaines d’entreprises avant elle, a embauché, sans le savoir, des codeurs en télétravail chargés d’infiltrer des entreprises sous un faux nom et une fausse nationalité afin de toucher un salaire reversé quasi intégralement à l’Etat nord-coréen.
Si le phénomène n’est pas récent – le Conseil de sécurité des Nations unies le mentionne dès 2019 –, il concernait, jusqu’à peu, essentiellement les Etats-Unis. Mais depuis plusieurs mois, les experts notent « une augmentation des opérations en Europe », selon les termes d’un rapport de Mandiant publié en avril. « Nous les avons observés récemment être embauchés sur des projets français », révélait au Monde l’analyste en chef de cette filiale de Google, John Hultquist, fin 2024.
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