En octobre 2024, des douaniers estoniens arrêtent, à la frontière avec la Russie, une femme de 65 ans transportant 10 000 euros en espèces. Tatiana Sokolova devait les livrer à Andreï Andronov, un ressortissant russe poursuivi en Estonie. Accusé là-bas d’avoir collaboré avec les renseignements russes, il avait besoin de payer ses frais juridiques.

On ignore pourquoi cette directrice d’agence de voyages aidait M. Andronov, mais les autorités découvrent rapidement que l’argent ne lui appartient pas. Elle était partie chercher du liquide de l’autre côté de la frontière après avoir reçu les fonds sur un compte en banque russe, en provenance de Pravfond, le Fonds de soutien et de protection des droits des expatriés russes – une organisation créée et financée par le gouvernement russe. En avril 2025, Mme Sokolova, qui n’a pas répondu à nos sollicitations, a été condamnée en Estonie pour violation des sanctions visant Moscou.

Le but affiché de Pravfond est de défendre les intérêts des Russes vivant à l’étranger, en leur fournissant notamment une aide juridique. Cependant, cette organisation a aussi financé la propagande prorusse dans divers pays européens – en particulier dans les anciennes Républiques soviétiques baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie) – et promu les intérêts diplomatiques du Kremlin. Le projet « Chers compatriotes », mené en partenariat avec l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) et rassemblant une vingtaine de médias, révèle également que Pravfond a payé les frais juridiques d’espions présumés.

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