C’est une révolution discrète mais profonde. Les objectifs de « zéro artificialisation nette » (ZAN) des sols fixés par la loi Climat et résilience de 2021 – déjà assouplis en 2023 – remettent directement en cause des modes de développement urbain qui se sont intensifiés depuis les années 1990 et 2000. Des centaines de milliers d’hectares de sols naturels et agricoles français ont, en effet, été stabilisés ou bétonnés, en majorité pour produire du logement et en particulier de l’habitat périurbain, symbolisé par la multiplication des pavillons dans les grandes couronnes des villes.

Le Monde a compilé plusieurs sources de données afin d’expliquer et de visualiser les enjeux posés par le déploiement de ce modèle, très prisé des Français, croisant les mondes ruraux et urbains dans l’orbite de villes-centres.

De fait, sa remise en cause suscite d’intenses débats. Une nouvelle loi portée par les sénateurs Guislain Cambier (Union centriste, Nord) et Jean-Baptiste Blanc (Les Républicains, Vaucluse), votée, mardi 18 mars, au Sénat, vise de nouveau à alléger considérablement les objectifs de ZAN, mais aussi à laisser les régions fixer leurs propres objectifs.

Trente ans d’artificialisation à un rythme soutenu

Depuis les années 1990, plus de 742 000 hectares d’espaces naturels agricoles et forestiers ont été artificialisés, selon nos calculs réalisés à partir des données d’occupation du sol Corine Land Cover produites par l’agence européenne Copernicus. Celles-ci, disponibles jusqu’en 2018 (voir notre méthodologie), permettent de suivre l’évolution européenne au cours des trente dernières années.

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