Depuis que nous avons porté et fait adopter l’impôt plancher sur la fortune, dite « taxe Zucman », à l’Assemblée nationale, en février, nous avons gagné une manche. L’imposition des ultrariches est au cœur du débat public et politique. Et plusieurs études et enquêtes sont venues confirmer nos arguments et déconstruire les mythes entretenus par les adversaires de la taxe. Aujourd’hui, comment le premier ministre, Sébastien Lecornu, pourrait-il proposer une taxe Zucman au rabais, si dépecée qu’elle n’en serait plus une ?

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D’autant que les contre-arguments tombent, les uns après les autres. La plus tenace et la plus anxiogène des menaces brandies, c’était l’exil fiscal. Or, le Conseil d’analyse économique (CAE) a démontré la fragilité de cet argument, dans une note publiée en juillet. Oui, l’exil fiscal existe, mais il demeure marginal et n’a rien du raz-de-marée annoncé. Les conclusions du CAE sont claires : « L’effet économique agrégé des départs induits par la fiscalité est faible. » L’exil fiscal ne toucherait au mieux que de 0,003 % à 0,3 % de la population des plus fortunés, soit un impact insignifiant sur le chiffre d’affaires, la valeur ajoutée de l’économie française et l’emploi total.

Pendant que l’on agite le chiffon rouge de la fuite des ultrariches, la réalité est tout autre. Le magazine Challenges et son classement des 500 plus grandes fortunes ont même désormais sacré la France « terre riche en super-riches ». Nous comptons aujourd’hui 145 milliardaires, contre seulement 16 en 1996. Le patrimoine des 500 plus riches a augmenté près de quatre fois plus vite que le patrimoine médian des Français depuis 1998. Et près de la moitié d’entre eux (44 %) sont des héritiers. Le mythe de la méritocratie s’effondre. Les Français ne s’y trompent pas : ils voient bien que l’envolée des grandes fortunes va de pair avec une injustice fiscale et sociale flagrante.

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Si notre système fiscal est globalement progressif, il devient régressif tout en haut de la pyramide : les 0,1 % les plus fortunés voient leur taux effectif baisser, de 46 % à l’entrée de ce groupe à 26 % pour les 0,0002 % les plus riches. En cause, leurs stratégies d’optimisation fiscale, qui leur permettent de minimiser leurs revenus à travers leurs holdings patrimoniales. Les plus riches paient donc moins d’impôts en proportion que les classes moyennes. Voilà la véritable anomalie. Et c’est la raison pour laquelle 78 % des Français soutiennent la mise en place d’un impôt minimum sur les ultrariches.

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