
A défaut de changer le plomb en or, des chimistes viennent de métamorphoser un poison en sucre inoffensif. Pour la première fois, une voie de synthèse originale a été démontrée pour transformer le monoxyde de carbone (CO), à l’origine d’une centaine de morts par an en France par accident domestique, en un mélange de sucres. Ces derniers appartiennent à la famille des aldoses et des cétoses, des assemblages de plusieurs atomes de carbone. La recette s’applique aussi au dioxyde de carbone (CO2), un gaz impliqué dans le réchauffement climatique.
« Ces molécules sont connues pour être inertes, et les chimistes ont des difficultés depuis des années pour les activer et les utiliser pour réaliser des molécules plus complexes. Nous y sommes parvenus », explique Marc Robert. Le professeur à l’Institut parisien de chimie moléculaire est coauteur de l’étude publiée dans Chemical Science le 23 octobre, réalisée avec l’équipe de Sébastien Bontemps, du Laboratoire de chimie de coordination, à Toulouse.
Au départ, les chercheurs songent à fabriquer des hydrocarbures, associant plusieurs carbones entre eux, mais moins complexes que les sucres (qui contiennent notamment de l’oxygène). L’ambition n’est pas d’absorber le trop-plein de CO2 qui réchauffe l’atmosphère – aucune industrie ne pourrait transformer autant de matière – mais de créer un nouveau cycle d’élaboration neutre en carbone. Le CO2 émis par les combustions serait recyclé en carburant. Plusieurs start-up ont investi ce créneau, dont Carboneo, conseillée par Marc Robert.
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