La neurologue Servane Mouton présente le rapport sur les enfants et les écrans à l’Elysée, Paris, le 30 avril 2024.

La commission d’experts sur l’exposition des enfants aux écrans mise en place par Emmanuel Macron pour l’éclairer sur le sujet n’en fait pas mystère : la place du numérique à l’école a constitué « un point de débat important » de ses travaux, rendus publics mardi 30 avril. Les partisans de la nécessaire formation au numérique et ceux de la protection de l’enfance ne sont pas parvenus à trouver un « consensus général » sur « ce que doit être le niveau idéal de mobilisation de l’outil numérique en termes d’équipement et d’usages pédagogiques ». « Le sujet a été très âprement discuté car il cristallise à la fois les attentes et les peurs des familles », reconnaît Marie-Caroline Missir, membre de cette commission et directrice générale du réseau de formation de l’éducation nationale Canopé.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Enfants et écrans : les constats qui ont nourri les préconisations de la commission nommée par Macron

Les dix membres de la commission ont néanmoins réussi à se mettre d’accord sur quelques points cardinaux. La nécessité d’une plus grande cohérence au premier chef, alors que les injonctions contradictoires sont monnaie courante dans l’éducation nationale en matière de numérique. Celui-ci s’est, il est vrai, développé ces dernières décennies au gré des politiques des collectivités territoriales en charge de l’équipement des établissements, sans définir précisément les bénéfices et les risques attendus. La commission le relève dans son rapport : les ressources numériques « se déploient encore trop fréquemment sans dialogue construit avec le monde éducatif, sans formation systématique des enseignants et des parents, sans échange avec les parents d’élèves ».

La progressivité de l’exposition aux écrans des enfants et adolescents qu’appelle de ses vœux la commission doit se retrouver à l’école. « Pas d’écran à l’école maternelle », « pas d’équipements individuels confiés aux enfants à l’école élémentaire », « pas d’espace numérique de travail à l’école primaire pour les élèves », prônent les experts. Si la France est moins bien équipée que la moyenne des pays de l’OCDE, ces recommandations vont à l’encontre des politiques de certaines municipalités, qui ont fourni une tablette à chaque écolier à partir du CP.

Formation des élèves « insuffisante »

Pour y voir plus clair, le rapport préconise de labelliser les outils numériques dont l’impact positif a été validé scientifiquement. Aucun déploiement à large échelle ne devrait avoir lieu sans une évaluation systématique ou une étude d’impact, souligne-t-il. De même, la commission souhaite un encadrement plus strict de l’utilisation des espaces numériques de travail et du logiciel de vie scolaire Pronote, dans un souci de protection des adolescents. Les mises à jour et notifications à destination des élèves pourraient ainsi être coupées entre 19 heures et 7 h 30.

Il vous reste 29.03% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version