L’attention portée à l’apparence remonte aux premiers hommes.
Dès la préhistoire, on se pare de bijoux et on suit des rituels beauté pour prendre soin de son corps et de son apparence.
Certains de ces rituels paraissent aujourd’hui parfaitement saugrenus ou sont reconnus comme franchement dangereux pour la santé.
Aujourd’hui, nous faisons confiance aux laboratoires cosmétiques pour fabriquer nos produits de beauté dont nous enduisons la peau et les cheveux pour leur apporter de la vitalité, masquer les imperfections et réduire les effets de l’âge. Nous suivons aussi les modes sur les vêtements, les accessoires et les bijoux. Nos ancêtres n’étaient pas si différents de nous, bien que leurs pratiques nous semblent étonnantes et que certaines sont encore même en vigueur. Pour preuve, voici un florilège des rituels beauté du passé les plus étranges.
Les bijoux au cœur des rituels de beauté
Sous forme de colliers, bracelets, bagues ou coiffes, les bijoux sont le parement du corps par excellence. Cependant, certaines pratiques sont exagérées et entraînent d’importantes déformations. Parmi les exemples les plus parlants, les « femmes girafes » de Thaïlande et de Birmanie. Ces femmes de la tribu Padaung enfilent dès leur plus jeune âge des colliers en laiton et en ajoutent chaque année. Dans les cas les plus spectaculaires, la parure peut peser jusqu’à 25 kg, explique Futura Science. Les colliers n’allongent pas les cervicales, mais leur poids affaisse le buste, ce qui donne cet étonnant effet de cou de girafe. Tout aussi remarquables par leur esthétique, les « femmes à plateau » de l’ethnie Mursi en Éthiopie portent un plateau labial de plusieurs centimètres de diamètre. Vers 10 ou 11 ans, leur lèvre inférieure est percée et une cheville en bois placée dans le trou, qu’on agrandit ensuite progressivement avec des plateaux jusqu’à atteindre des dimensions définitivement déformantes. Cette technique du labret existe aussi chez les hommes Kayapo au Brésil.
Huiles, onguents et produits de beauté à base de plantes ou de lait
Dans l’Antiquité, les notables romains avaient pour habitude de s’enduire le corps d’huile d’olive avant de procéder à un décrassage à la lame de couteau. L’huile captait les saletés de la peau, qui étaient éliminées en même temps que le corps gras. Chez les Égyptiens, un bain au lait d’ânesse était réputé rendre la peau douce, soyeuse et souple. La reine Cléopâtre en aurait fait un de ses rituels favoris. Le fenouil broyé s’appliquait aussi sur le visage pour ralentir le vieillissement cutané, rapporte Ça m’intéresse. De leur côté, les Grecs de l’Antiquité employaient l’huile de myrrhe pour son pouvoir purifiant. Aujourd’hui encore, de nombreuses ethnies font perdurer ces traditions ancestrales à base de produits naturels comme l’huile d’argan au Maroc, l’huile de tiaré (le monoï) dans les îles du Pacifique Sud…
Le blanc de céruse, rituel beauté incontournable de la cour à Versailles
Si ces produits naturels ne présentent pas de dangers pour la peau, ce n’était pas le cas des poudres blanchissantes qu’on portait sur le visage à Versailles. La blancheur de la peau, presque spectrale et rehaussée de fard à joues, était obtenue à partir de mercure (vif-argent) puis d’oxyde de plomb (blanc de céruse), une poudre extrêmement toxique. Non contents d’accélérer le vieillissement cutané, ces produits causaient une ribambelle de symptômes graves en attaquant tous les organes. Pour contrer leurs effets, les nobles de la cour en rajoutaient une couche, littéralement, explique le service Gallica de la Bibliothèque nationale de France (BNF). Tout aussi étonnant et dommageable pour sa santé, Diane de Poitiers a eu la mauvaise idée de consommer tous les matins un bouillon d’or soluble, car ce dernier était supposé lui apporter un teint lumineux.
L’étonnante toilette sans eau à l’époque moderne
À la Renaissance, l’eau n’est plus nettoyante et purifiante, mais devient malfaisante. On lui attribue tous les maux. Elle transmettrait les germes de maladies redoutées comme la peste et le bain chaud laisserait même la force vive des hommes s’échapper en provoquant un affaiblissement général du corps. Dans son article pour la Cosmétothèque, Corinne Déchelette, pharmacienne et spécialiste en cosmétologie, explique comment les hommes ont alors délaissé l’eau pour la « toilette sèche ». Au XVIIᵉ siècle, on ne se lave plus, mais on s’essuie le corps à l’aide de linge imprégné de vinaigre ou d’esprit de vin. Dans la haute société et à la cour royale, la propreté passe par le port de linge blanc immaculé. Louis XIV lui-même ne se lavait pas. En revanche, il « se changeait jusqu’à dix fois par jour et exhibait des dentelles de linge blanc immaculé aux manches et au col de ses habits ». Les odeurs corporelles étaient masquées à grand renfort de parfums.