• Suite à l’implosion tragique du submersible Titan le 18 juin 2023, coûtant la vie à cinq personnes, les garde-côtes américains ont enquêté pendant deux ans sur le drame.
  • Leurs conclusions mettent uniquement en cause l’entreprise américaine OceanGate, à l’origine de l’expédition, en raison de défauts de conception et de contrôle de l’appareil.
  • Ils reprochent aussi à la société d’avoir cherché durant des années à se soustraire aux « protocoles » pour de telles plongées, dissuadant des employés inquiets de parler.

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Le sous-marin Titan a implosé dans l’Atlantique

Il aura fallu deux ans d’enquête et 335 pages de rapport pour faire toute la lumière sur une série de défaillances qui a mené au pire. L’entreprise OceanGate est la « première » responsable de l’implosion du submersible privé Titan, qui a coûté la vie à cinq personnes lors d’une exploration de l’épave du Titanic en 2023 (nouvelle fenêtre), ont indiqué les garde-côtes américains dans les conclusions de leurs investigations, publiées ce mardi 5 août. Ils constatent que « le non-respect (…) des protocoles d’ingénierie établis en matière de sécurité, de tests et de maintenance de son submersible était la première cause » de l’accident, selon ce document. 

Le Titan, un petit submersible de 6,5 mètres de long de l’entreprise américaine OceanGate Expeditions, avait plongé le 18 juin 2023 pour aller observer l’épave du Titanic. Il devait refaire surface sept heures plus tard, mais le contact avait été perdu moins de deux heures après son départ. Une vaste opération de secours très médiatisée avait alors été engagée, mais le submersible avait en réalité été détruit peu après sa plongée par une « implosion catastrophique » (nouvelle fenêtre), tuant les cinq passagers sur le coup, selon ce rapport d’enquête. Parmi eux se trouvaient notamment le scientifique français de 77 ans Paul-Henri Nargeolet (nouvelle fenêtre), surnommé « Monsieur Titanic », et le patron d’OceanGate lui-même, Stockton Rush.

Conception et maintenance « inadéquates », « absence de supervision par un tiers »…

Des polémiques sur des négligences avaient surgi très vite après l’accident, notamment sur le hublot qui n’aurait pas pu techniquement résister à de telles profondeurs. « Cet accident maritime et la perte de cinq vies auraient pu être évités », a confirmé dans un communiqué (nouvelle fenêtre) Jason Neubauer, qui a dirigé l’enquête des garde-côtes américains (nouvelle fenêtre). Les investigations ont permis de fournir « de précieux enseignements pour éviter qu’un tel événement ne se reproduise à l’avenir », a-t-il insisté. 

Au sujet de l’accident lui-même, le rapport conclut que « la conception, la certification, la maintenance et le processus d’inspection inadéquats du Titan » sont en cause. « Les processus de conception et d’essai du Titan n’ont pas suffisamment pris en compte de nombreux principes d’ingénierie fondamentaux », pourtant « essentiels pour garantir la sécurité et la fiabilité dans un environnement aussi dangereux », précise notamment le document, cité par la chaîne américaine CBS News (nouvelle fenêtre)

Le submersible était par ailleurs toujours utilisé par l’entreprise alors même qu’il était endommagé (nouvelle fenêtre), après une « série d’incidents susceptibles d’avoir compromis l’intégrité de la coque et d’autres composants essentiels » de l’appareil. En outre, « l’absence de supervision par un tiers et le manque d’employés expérimentés (au sein de l’équipe) d’OceanGate » lors de l’expédition a permis au patron Stockton Rush « d’ignorer complètement les contrôles essentiels, les analyses de données et les procédures de maintenance préventive, ce qui a abouti à un événement catastrophique », ajoute le rapport, selon CNN (nouvelle fenêtre)

Des stratégies mises en place pour « échapper à la surveillance », dans un « environnement toxique »

De manière générale, la société cherchait à éviter les contrôles (nouvelle fenêtre), reprochent les garde-côtes américains. « Pendant plusieurs années avant l’accident, OceanGate a eu recours à des tactiques d’intimidation, des dérogations accordées pour des opérations scientifiques, et a tiré profit de sa bonne réputation pour échapper à la surveillance des autorités de régulation », écrivent-ils. 

L’entreprise « a finalement pu faire fonctionner le Titan en totale marge des protocoles établis pour les plongées en eaux profondes, lesquels avaient pourtant historiquement permis d’assurer un bon bilan de sécurité pour les submersibles commerciaux », ajoutent-ils, dénonçant aussi un « environnement de travail toxique », qui « dissuadait les employés et les sous-traitants d’exprimer leurs préoccupations en matière de sécurité (nouvelle fenêtre)« .

Suite à la publication du rapport, un porte-parole de l’entreprise a adressé ses « sincères condoléances » aux proches des passagers décédés lors de l’accident, et « à toutes celles qui ont été touchées par cette tragédie (nouvelle fenêtre)« , d’après CNN. Après le drame, « la société a définitivement cessé ses activités et a consacré toutes ses ressources à coopérer à l’enquête des garde-côtes, jusqu’à son terme », a-t-il ajouté. 

Dans le communiqué de l’enquête, Jason Neubauer souligne qu’il est désormais « nécessaire de renforcer la surveillance et de proposer des options claires aux opérateurs qui explorent de nouveaux concepts, en dehors du cadre réglementaire existant ». Il appelle « à mieux faire prendre conscience des risques et de l’importance d’une surveillance adéquate, tout en continuant à ouvrir la voie à l’innovation », tandis que les garde-côtes émettent une série de recommandations, comme par exemple la piste d’« élargir les exigences internationales de sécurité aux submersibles opérant en haute mer »

M.L. avec AFP

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