L’assemblée plénière de la COP30, à Belem, au Brésil, le 21 novembre 2025.

Après plusieurs jours de négociations à Belem, au Brésil, près de 200 Etats se sont accordés sur un texte, samedi 22 novembre, au cours de la session de clôture. Mais celui-ci ne fait pas mention explicitement de la sortie des énergies fossiles, contrairement à la COP28 à Dubaï, en 2023, où le texte final évoquait une « transition hors des énergies fossiles ». L’accord prévoit toutefois le triplement des fonds consacrés à l’adaptation au changement climatique d’ici à 2035 comparé à 2025.

Et il prévoit d’instituer un « dialogue » sur le commerce mondial, une première dans les négociations climatiques. La Chine, qui mène la fronde des pays émergents contre les taxes carbone aux frontières, en avait fait sa priorité avec d’autres pays exportateurs.

« La science a prévalu, le multilatéralisme a gagné », s’est réjoui le président brésilien, Lula, de Johannesburg où se tient le G20. « En cette année où la planète a dépassé pour la première fois – et peut-être de manière permanente – la limite d’un degré et demi au-dessus des niveaux préindustriels, la communauté internationale a fait face à un choix : continuer ou abandonner. Nous avons choisi la première option », a-t-il ajouté.

Malgré cet accord par consensus – aucun des près de 200 pays membres de l’accord de Paris n’ayant manifesté d’objection avant le coup de marteau du président de la conférence, le Brésilien André Correa do Lago –, plusieurs pays ont déploré son manque d’ambition. Quelques minutes avant l’annonce de cet accord, l’Union européenne avait affirmé qu’elle ne s’opposerait pas à l’accord final, bien que le texte ne fasse pas de mention explicite des énergies fossiles. « Nous n’allons pas cacher que nous aurions préféré davantage, et plus d’ambition sur tout », a déclaré Wopke Hoesktra après une nuit de négociations et une réunion de coordination avec les Vingt-Sept.

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« Un texte assez plat »

Une ligne suivie par la ministre de la transition écologique française. « On ne s’y oppose pas parce qu’il y a rien d’extraordinairement méchant à l’intérieur. C’est un texte qui est un texte assez plat », a-t-elle regretté. Elle a ajouté que les Européens avaient préféré accepter ce texte en raison du « procès qui était fait aux Européens, qui était de dire qu’une des raisons pour lesquelles on s’opposait à ce texte, c’était parce qu’on ne voulait pas payer de l’argent pour les pays les plus pauvres. »

Face à ces doutes, la présidence brésilienne de la COP 30 a annoncé samedi soir son intention de lancer une prochaine « feuille de route » sur la sortie des énergies fossiles, ainsi qu’une seconde contre la déforestation, pour les pays volontaires. « Nous savons que certains d’entre vous avaient des ambitions plus grandes » pour certains des sujets abordés pendant la réunion de l’ONU sur le climat, a reconnu André Correa do Lago.

Alors que les Etats-Unis ne sont pas représentés officiellement au cours de cette COP, la Chine, la Russie, l’Arabie saoudite et une partie du monde en développement freinaient pour que soit mentionné dans le texte un recul des émissions de gaz à effet de serre et des énergies fossiles. Et ce alors qu’en 2023, les pays s’étaient engagés à « opérer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques », pour la première fois dans l’histoire des conférences sur le climat de l’ONU.

Mais une partie du monde en développement n’avait pas comme priorité la bataille contre les énergies fossiles en arrivant au Brésil il y a deux semaines. Pour eux, les financements sont plus urgents, et la COP30 leur livre un petit gain.

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Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n’ont pas à l’heure actuelle les moyens d’une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s’adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

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Le Monde

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