Des membres de l’armée bissau-guinéenne montent la garde, devant la salle où le général Horta N’Tam a prêté serment comme chef de la transition et commandant du Haut Commandement, à Bissau, le 27 novembre 2025.

L’Union africaine (UA) a suspendu vendredi 28 novembre de ses instances la Guinée-Bissau, deux jours après le renversement du président, Umaro Sissoco Embalo, et la prise de pouvoir par des militaires dans le pays d’Afrique de l’Ouest, a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) le président de la Commission de l’UA.

Mercredi, des militaires avaient annoncé avoir renversé M. Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, dont les résultats devaient être annoncés sous peu dans ce pays lusophone. En conséquence, l’UA a décidé « de suspendre avec effet immédiat » la Guinée-Bissau de ses instances, a déclaré Mahamoud Ali Youssouf.

Jeudi, les putschistes ont nommé le général Horta N’Tam, jusqu’ici chef d’état-major de l’armée de terre, pour diriger un Haut Commandement militaire pour la restauration de l’ordre (HCM) et une transition politique. « Le président de la République de transition, le major-général Horta N’Tam, a nommé par décret présidentiel M. Ilidio Vieira Té premier ministre et ministre des finances », précise un décret publié vendredi. M. Té est le dernier ministre des finances du président Umaro Sissoco Embalo, destitué lors du coup d’Etat de mercredi. Il va cumuler les fonctions de chef de gouvernement et de ministre des finances.

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« Violations des principes démocratiques »

Le président déchu, M. Embalo, arrêté entre mercredi et jeudi, s’est réfugié au Sénégal, où il est arrivé « sain et sauf » jeudi soir à bord d’un avion affrété par Dakar. Dans ce pays voisin, le premier ministre, Ousmane Sonko, a jugé que ce coup d’Etat militaire juste avant les résultats des présidentielle et législatives, était une « combine » visant à arrêter le processus électoral, un soupçon partagé par plusieurs experts. Le candidat d’opposition à la présidentielle, Fernando Dias, qui soutient avoir remporté le scrutin, a affirmé à l’AFP être « en sécurité » et se cacher dans le pays.

La prise de pouvoir par les militaires a été largement critiquée, notamment par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui a dénoncé une « violation des principes démocratiques » ou par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui a suspendu le pays de « tous les organes décisionnels »

La Guinée-Bissau, pays lusophone côtier d’Afrique de l’Ouest situé entre le Sénégal et la Guinée (Conakry), avait déjà connu quatre coups d’Etat et une kyrielle de tentatives de putsch depuis son indépendance du Portugal, en 1974. La proclamation des résultats électoraux a ainsi souvent donné lieu à des contestations. L’instabilité et la pauvreté ont favorisé l’implantation de narcotrafiquants, qui utilisent le territoire comme zone de transit de la cocaïne entre l’Amérique latine et l’Europe. Des responsables militaires de ce pays ouest-africain ont souvent été cités dans ces trafics au cours des dernières années.

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Le Monde avec AFP

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