« Un coup de tonnerre », titre Le Monde en une de son édition du 23 novembre. Les mandats d’arrêt émis mercredi 21 novembre par la Cour pénale internationale (CPI) contre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, son ex-ministre de la défense Yoav Gallant et le dirigeant du Hamas Mohammed Deif marquent un tournant pour cette institution, dont l’histoire récente a été émaillée de nombreuses controverses.

« Pour la première fois depuis la création de la cour, en 1998, des responsables politiques sont inculpés contre la volonté de leurs alliés occidentaux », écrit Le Monde. Longtemps considérée par ses détracteurs comme un instrument de domination du Nord sur le Sud, ou plus exactement de l’Occident sur le reste du monde, la CPI change radicalement, avec cette décision, de visage politique.

Si l’idée de mettre en place une cour de justice internationale apparaît dès 1949 dans le quotidien du soir, le sigle CPI est, lui, mentionné pour la première fois seulement le 2 mars 1998, dans un éditorial du journal qui annonce sa création à venir et les batailles diplomatiques homériques qui vont accompagner son douloureux accouchement. « La France et les Etats-Unis se battent pour que la future CPI soit dénuée de pouvoir. C’est faire preuve d’une lourde irresponsabilité au regard de la marche laborieuse vers l’établissement d’une justice internationale. » Le ton est donné. Il ne changera pas. Le quotidien du soir sera, pendant vingt-cinq ans, un vigilant et intransigeant défenseur de l’institution et de l’idéal qu’elle poursuit d’une justice universelle.

« Miracle diplomatique »

L’histoire commence véritablement le 20 juillet 1998. Et Le Monde lui accorde immédiatement une place de premier ordre. Sur six colonnes, le papier de Claire Tréan, titré « Une Cour pénale contre les crimes majeurs dans le monde », annonce une grande avancée. « Cinquante ans après la signature de la convention internationale contre le génocide, qui voulait éviter que se reproduise jamais ce que le régime nazi venait de faire subir au monde, la communauté internationale se dote d’un instrument supposé sanctionner, mais aussi prévenir, les crimes qui par leur gravité heurtent la conscience universelle (…) Fruit de longues et laborieuses tractations, le texte n’est, en fait, qu’un petit pas vers cet idéal, mais un pas néanmoins novateur. » La route est encore longue.

Presque trois ans plus tard, le 31 décembre 2000, les Etats-Unis, Israël et l’Iran se décident finalement à signer « in extremis » le traité portant création de la Cour pénale internationale. Claire Tréan, toujours, écrit : « L’administration américaine n’a cessé de guerroyer pour essayer de faire échapper ses ressortissants à toute possibilité de poursuites par ce futur tribunal, en particulier les soldats américains participant à des interventions extérieures. » Elle raconte que, « dans la journée de dimanche, l’Etat israélien (…) a suivi la décision américaine, après avoir reçu des Etats-Unis des assurances selon lesquelles le traité ne serait pas utilisé contre les intérêts israéliens ».

Il vous reste 57.17% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version