En 1968, 95 personnes ont perdu la vie dans le crash de la caravelle qui reliait Ajaccio à Nice.
Les familles des victimes prennent au sérieux l’hypothèse d’un tir de missile accidentel, et réclament « la vérité » à l’État.
Ce vendredi 1ᵉʳ novembre, le parquet de Nice s’est dit favorable à une opération de repêchage.

Vers de nouvelles révélations 56 ans plus tard ? Le parquet de Nice s’est dit favorable, ce vendredi 1ᵉʳ novembre, à la mise en œuvre d’une opération de repêchage ou de prises de vues d’un avion, immergé depuis 1968 au large d’Antibes (Alpes-Maritimes) suite à un crash qui avait fait 95 morts : les 89 passagers et six membres d’équipage.

Le 11 septembre 1968, la Caravelle AF 1611, qui devait relier Ajaccio à Nice en 45 minutes, s’était brusquement abîmée au large d’Antibes. L’épave avait ensuite été localisée à quelque 2000 mètres de profondeur. Une première instruction pour homicide involontaire s’était close en 1973 par un non-lieu, la thèse retenue étant celle d’un incendie dans la cabine-toilette. L’enquête avait été relancée en 2012 pour « soustraction et recel de preuves » et le juge d’instruction avait requis en 2018 une levée du secret-défense, estimant qu’il fallait prendre « très au sérieux » l’hypothèse d’un tir de missile accidentel depuis la base du Levant, près d’Hyères .

« Un élan favorable pour que la vérité éclate »

Plus de cinq décennies plus tard, l’affaire pourrait donc prendre un nouveau tournant. « La demande d’acte des parties civiles me semble pertinente et utile à la manifestation de la vérité », explique à l’AFP le procureur de la République Damien Martinelli, qui juge « opportun » d’étudier préalablement « les conditions de faisabilité de ces opérations de photographies et/ou de récupération des moteurs ». C’est désormais au juge d’instruction, saisi dans le cadre d’une information pour dissimulation, destruction et soustraction de preuves, et recel de ces infractions, d’ordonner ou non la mise en œuvre de cette étude.

« Plusieurs éléments sérieux, notamment des témoignages, mais également des éléments matériels, tendent à montrer que des autorités civiles et/ou militaires ont pu chercher à faire obstacle à la détermination des causes et des circonstances réelles du crash de la caravelle », estime Damien Martinelli. « Nous sommes pleins d’optimisme, on sent qu’il y a un élan favorable de la justice pour que la vérité éclate et qu’elle va s’en donner les moyens », s’est réjoui Me Paul Sollacaro, l’un des trois avocats de l’association des familles de victimes.

« Nous espérons que sur le plan politique, cela aboutira à ce que la thèse soutenue par l’ensemble des familles de victimes, celle d’un tir de missile accidentel, sera enfin reconnue par l’État », a ajouté l’avocat. Il indique avoir été reçu à l’Élysée, avec un de ses confrères, par le conseiller spécial d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, et avoir reçu de sa part « des assurances » que les moyens seraient mis au service de la justice pour cette opération.


I.N avec AFP

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