Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Yonathan Arfi, s’adresse aux participants lors du dîner annuel du CRIF, au Carrousel du Louvre à Paris, le 6 mai 2024.

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a dénoncé mercredi 20 août de « vaines polémiques » au lendemain de la passe d’armes entre l’Elysée et le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui a accusé Emmanuel Macron de nourrir la haine contre les juifs avec son intention de reconnaître l’Etat de Palestine.

« La relation entre la France et Israël, fondée sur des valeurs démocratiques partagées et des combats communs notamment contre le terrorisme, mérite mieux que de vaines polémiques », a réagi le président du CRIF, Yonathan Arfi, sur X. « Le combat contre l’antisémitisme doit rassembler et non diviser », a poursuivi le patron du CRIF, qui fédère plus de 70 associations juives françaises.

Dans un courrier officiel adressé au président français – et transmis mardi à l’Agence France-Presse –, le premier ministre israélien a accusé ce dernier « d’alimenter le feu antisémite » en France en appelant à la reconnaissance internationale de l’Etat de Palestine. « Je suis préoccupé par la montée alarmante de l’antisémitisme en France et par le manque d’actions décisives de votre gouvernement pour y faire face. Ces dernières années, l’antisémitisme a ravagé les villes françaises », écrit M. Nétanyahou.

Il affirme que l’antisémitisme a encore augmenté depuis que M. Macron a annoncé fin juillet que la France allait reconnaître l’Etat de Palestine à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre.

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504 actes antisémites entre janvier et mai 2025

Cette analyse « est erronée, abjecte et ne demeurera pas sans réponse », a répondu la présidence française. « La période exige gravité et responsabilité, pas amalgames et manipulations », a-t-elle ajouté, précisant que « la République protège et protégera toujours ses compatriotes de confession juive ».

Selon les derniers chiffres fournis par le ministère de l’intérieur, entre janvier et mai 2025, 504 actes antisémites ont été recensés (dont 323 atteintes aux personnes). C’est une baisse de 24 % sur un an, mais un doublement (+ 134 %) par rapport à la même période de 2013.

« Je ne dis pas que la République ne fait pas, la République fait énormément mais il y a tellement d’actes d’antisémitisme qu’aujourd’hui il semble que ça déborde », a souligné mercredi sur Franceinfo l’ambassadeur d’Israël en France, Joshua Zarka, précisant qu’une lettre a aussi été envoyée au premier ministre australien.

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Face à cette nouvelle crise entre les deux pays, le représentant du CRIF souligne que « dans un contexte marqué par la hausse des actes antisémites », les institutions juives ont établi un « dialogue régulier avec les pouvoirs publics concernant la lutte contre l’antisémitisme depuis une vingtaine d’années ».

« Arme diplomatique »

Le président du CRIF rappelle également « sa désapprobation du projet de reconnaissance d’un Etat palestinien par la France et son inquiétude de la manière dont cette annonce galvanise les agitateurs de LFI et les prêcheurs de haine antisémite qui les entourent ». La gauche a de son côté dénoncé « l’instrumentalisation » de l’antisémitisme par le leader israélien.

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« Nétanyahou est un leader d’extrême droite qui instrumentalise la notion d’antisémitisme, alors même que l’antisémitisme est bien réel dans notre pays », a commenté mercredi Chloé Ridel, porte-parole du Parti socialiste sur Franceinfo.

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« Instrumentaliser l’antisémitisme comme une arme diplomatique est honteux non seulement parce que ça affaiblit la lutte nécessaire contre l’antisémitisme, mais surtout parce que cela vise à assimiler les juifs dans le monde à une politique génocidaire d’un criminel poursuivi par la Cour pénale internationale », a déclaré la présidente du groupe « insoumis » à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, dont le parti est lui-même régulièrement accusé d’ambiguïtés sur cette question.

« Haine ancestrale »

Dans un message posté sur X, le président du Fonds social juif unifié, Ariel Goldmann, a, lui, affirmé que « l’antisémitisme n’a jamais eu besoin de prétexte politique ou diplomatique pour exister ». « Les désaccords entre responsables ne doivent pas affaiblir le combat contre cette haine ancestrale : Français juifs, autorités françaises et israéliennes doivent rester unis et vigilants contre ce fléau ! », a-t-il écrit.

Après avoir affiché sa solidarité avec Israël après le 7-Octobre, Emmanuel Macron a depuis pris ses distances et multiplié les critiques à l’égard de la stratégie du gouvernement israélien à Gaza. Fin juillet, le chef de l’Etat a annoncé que la France allait reconnaître l’Etat de Palestine en septembre, à l’Assemblée générale de l’ONU qui prendra fin précisément le 23.

M. Nétanyahou a sommé le président français de « remplacer la faiblesse par l’action » sur la lutte contre l’antisémitisme avant cette date de début de nouvelle année juive.

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Le Monde avec AFP

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