• Le ministère de la Culture ukrainien a dénoncé lundi la participation du cinéaste à un événement cinématographique à Moscou le week-end.
  • Interrogé en visioconférence, l’octogénaire avait évoqué la possibilité de tourner un jour prochain en Russie.
  • Dans un communiqué, il précise qu’il condamne la guerre déclenchée par Vladimir Poutine, mais plaide en faveur de la poursuite « des conversations artistiques ».

Woody Allen s’explique. En participant par visioconférence à la Semaine du film international de Moscou dimanche dernier, le cinéaste américain de 89 ans a suscité la colère froide de Kiev. Dans un message posté lundi sur les réseaux sociaux, le ministre ukrainien des Affaires étrangères a en effet dénoncé « une honte et une insulte au sacrifice des acteurs et cinéastes ukrainiens qui ont été tués ou blessés par des criminels de guerre russes ». 

En agissant ainsi, cette légende du cinéma américain « choisit de fermer les yeux sur les atrocités que la Russie commet en Ukraine », regrette encore le ministère, une photo de ses célèbres lunettes totalement floutées à l’appui. « La culture ne doit jamais être utilisée pour blanchir les crimes ou servir d’outil de propagande. Nous condamnons fermement la décision de Woody Allen de bénir le festival sanglant de Moscou avec son intervention. »

Depuis le sofa de son appartement new-yorkais, Woody Allen avait répondu dimanche aux questions du réalisateur et acteur russe Fiodor Bondartchouk devant un public de cinéphiles rassemblés à l’Usine de cinéma Moskino, dans le cadre de cette manifestation organisée par le gouvernement de la ville de Moscou, avec le soutien du ministère de la Culture de la Fédération de Russie. Une intervention dont plusieurs extraits ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux…

Selon l’agence de presse d’Etat Ria Novosti, le cinéaste a évoqué un voyage « pas très agréable » au temps de l’Union soviétique, en ajoutant que depuis « tout avait changé, la Russie est devenue merveilleuse » et qu’il n’hésiterait pas à y tourner un film si l’occasion se présentait. « Si de telles propositions existaient, je m’assiérais et réfléchirais à un scénario sur le bien-être que l’on peut ressentir à Moscou et à Saint-Pétersbourg ».

Je ne pense pas que couper les conversations artistiques ne soit jamais une bonne façon d’aider

Woody Allen

Devant le tollé suscité par ses propos, Woody Allen a réagi mardi par l’intermédiaire d’un communiqué transmis aux médias par son assistante. « En ce qui concerne le conflit en Ukraine, je crois fermement que Vladimir Poutine est totalement dans l’erreur. La guerre qu’il a causée est épouvantable », assure-t-il. « Mais quoi que les politiciens aient fait, je ne pense pas que couper les conversations artistiques ne soit jamais une bonne façon d’aider. »

Depuis l’invasion russe en février 2022, l’Ukraine réclame l’isolement total du pays sur la scène internationale, y compris dans les domaines de la culture et du sport. Kiev dénonce donc systématiquement les participations de personnalités occidentales à des événements en Russie. Woody Allen n’est pas le seul à avoir accepté l’invitation de la Semaine international du film international de Moscou.

Soutien public de Vladmir Poutine auquel il a rendu visite au Kremlin au printemps dernier pour lui proposer ses services, le cinéaste serbe Emir Kusturica a fait une apparition au cours du week-end à Moscou. Tout comme l’acteur américain Mark Dacascos, célèbre en France pour avoir joué dans Crying Freeman et Le Pacte des Loups de Christophe Gans et qu’on a pu voir récemment dans John Wick 3 avec Keanu Reeves.

Jérôme VERMELIN

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