Alexandre Xu, 50 ans, pose, le 29 mai 2025, devant la porte de l’immeuble du 10ᵉ arrondissement où se trouvait le premier appartement qu’il a occupé, avec son frère et ses parents, à son arrivée à Paris, en 1987.

« J’avais 12 ans quand j’ai retrouvé ma mère. Elle est arrivée chez des amis de la famille qui étaient venus nous chercher, mon petit frère et moi, à l’aéroport de Bruxelles. Quand je l’ai vue entrer, elle m’a semblé à la fois familière et étrangère. Je l’ai appelée “maman”, mais ce mot résonnait étrangement, tant il y avait de distance entre nous. Nous n’avons pas pleuré.

Cela faisait trois ans que je ne l’avais pas vue. Trois ans que mon frère et moi étions séparés de nos parents. Nous étions restés habiter chez une tante à Wenzhou, notre ville natale en Chine, tandis qu’eux étaient partis en France, en 1984. Parfois, ils nous envoyaient des lettres, mais il n’y avait pas de téléphone à l’époque et nous n’avons pas vraiment eu de leurs nouvelles pendant tout ce temps. J’avais 9 ans quand ils sont partis ; mon frère, 8. Mes parents ont beaucoup pleuré la veille de leur départ. Moi aussi, parce que je ne voulais pas qu’ils me quittent. Ils m’ont rassuré : “D’ici quelques mois, vous nous rejoindrez.” Cela a pris trois ans. A cet âge-là, c’est long, trois ans. On a le temps d’oublier un peu les gens.

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