La sociologue Nathalie Bajos lors de sa leçon inaugurale au Collège de France, à Paris, le 3 avril 2025.

Est-ce « la faute à pas de chance » si Katia, 42 ans, femme au foyer, souffre aujourd’hui d’insuffisance cardiaque, comme elle a coutume de le dire ? Pas tout à fait, lui rétorque la sociologue Nathalie Bajos. Ses crises d’angoisse et son stress se sont intensifiés depuis qu’elle a arrêté de travailler pour s’occuper de son fils, en situation de handicap, rendant compte d’une répartition genrée des tâches au sein de son couple. Elle a aussi passé plusieurs semaines avec des douleurs au bras gauche et à la poitrine avant de contacter des médecins, un comportement typique des classes populaires. Et alors que les symptômes qu’elle décrivait étaient caractéristiques d’un infarctus du myocarde, elle a dû s’y reprendre à quatre fois avant d’être prise au sérieux et conduite aux urgences.

C’est par cet exemple, illustrant l’impact des inégalités de classe et de genre sur la santé, que la sociologue a conclu, le 3 avril dernier, sa leçon inaugurale au Collège de France. Nathalie Bajos a été nommée, cette année, à la chaire de santé publique, signe de la lente transformation de ce champ de recherche, qui intègre de plus en plus les sciences sociales. « C’est fondamental, surtout dans une institution comme celle-ci, de représenter la diversité des sciences, se réjouit-elle. Il ne faut pas limiter la santé publique à l’épidémiologie. »

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