Difficile de croire que nous sommes à Rignieu-le-Désert, un hameau de la commune de Chazey-sur-Ain, dans la plaine de l’Ain, lorsque, sur les coups de 22 heures, la petite départementale 77C – elle est fermée pour l’occasion – voit affluer des centaines de jeunes venus des quatre coins du département et au-delà. Faux-cils, gloss, crop-top, faux ongles pour les filles. Survêt, chemises, Nike modèle TN Requin et rasage de frais pour les garçons.
Un mois qu’ils entendent parler du Bal de mai sur Insta. Dix euros l’entrée. Pas donné ? Oui mais. Cette année, l’Amicale des jeunes de Rignieu-le-Désert (AJRD) a vu les choses en grand, genre discothèque en plein air sur le stade : trois DJs aux platines, une vraie scène, des planches à shooters, cinq vigiles à l’entrée et surtout, un photographe et un QR code pour récupérer les clichés. Il ne s’agit plus seulement d’en être, mais de montrer qu’on en est. « Passe avant minuit, j’vais t’faire vivre un dream » : aux sons de Gims, la nuée d’iPhone éclaire la nuit comme autrefois les briquets.
Tee-shirts floqués « Rignieu-le-Désert », les jeunes organisateurs ne savent plus où donner de la tête. Kevin Viollet, le président du club, 21 ans, n’en revient pas : « Autant de monde, on n’aurait jamais cru. » Des semaines que la petite bande se démène. C’est un succès : quelque 1 200 entrées (le double de l’année précédente), seize fûts de blonde écoulés, cinq de bière à la cerise, trente-cinq bouteilles de vodka… « On a explosé tous les records ! Et même pas de bagarre », se réjouit Andréa Mabilon, 20 ans, salariée agricole et trésorière du club, en couple avec Quentin Marthoud, un « agri » lui aussi. Du jamais-vu, de mémoire de Rignolans. Dieu sait pourtant si on a l’habitude de s’enjailler, par ici.
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