Valdemar Francisco, 71 ans, chez lui à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), le 11 avril 2025. Originaire du Portugal, il est arrivé en France en 1960, à l’âge de 6 ans.

« Comparée à la petite gare de Pombal, au Portugal, que je venais de quitter, la gare d’Austerlitz semblait géante, du haut de mes 6 ans et demi. Le panneau immense “Paris-Austerlitz”, tous ces quais, ces trains, ces passants, le vacarme des voitures dehors… J’étais ébahi. A tel point que j’en ai oublié mon petit pull marron dans le train.

Nous sommes venus en France rejoindre mon père. Je suis né au Portugal en 1953, sous la dictature de Salazar. Mon père, peintre en bâtiment, était parti en France en 1958, après avoir reçu une promesse d’embauche. Nous, ma mère, mes deux sœurs et moi, étions restés là-bas, chez ma grand-mère, dans la misère. Mon père, volage, nous envoyait très peu d’argent. Je n’avais même pas de quoi m’acheter des chaussures ou un pantalon.

C’est ma mère qui, un jour, a décidé de rejoindre mon père. Elle avait obtenu un passeport touristique de trois semaines, un simple prétexte pour ne jamais revenir. Et c’est ainsi que je suis arrivé en France, le 14 mai 1960. Je m’en souviens comme si c’était hier. On était tous heureux de prendre le train pour rejoindre la France, ce beau et grand pays dont les Portugais exilés là-bas nous parlaient tant. C’était un jour de printemps : les paysages fleuris défilaient par la fenêtre.

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