Mère et fille de dos. L’avocate de 43 ans et sa fille, lycéenne de 15 ans, ont fui la région de Louhansk occupée par la Russie, début juillet. A Kiev, le 14 juillet 2025.

Il faut fermer les yeux et imaginer la scène, puisque les journalistes ne sont pas libres de se rendre dans le Donbass occupé. Se figurer une grande table en U au centre d’une salle de réunion d’un bâtiment administratif, dans la banlieue de Louhansk (Lougansk, en russe). La présidente de la commission administrative « chargée des affaires de mineurs et de la protection de leurs droits » pour le district se tient derrière un pupitre. Autour de la table, quatorze autres fonctionnaires disposent chacun d’un micro, y compris, à son bout, une pimpante avocate de 43 ans et sa fille, une lycéenne de 15 ans.

Des policiers avaient frappé à leur porte pour leur notifier le rendez-vous : mardi 22 avril 2025, à 14 heures, rue Lénine. « La commission de district pour les affaires des mineurs … sur l’examen du signalement de l’école secondaire n° x … concernant la violation des droits de la mineure à l’éducation et à l’instruction de la part de sa mère … examinera en séance publique le signalement ... » Il est reproché à la mère de ne pas élever sa fille dans l’esprit patriotique de la Russie, son nouveau pays. La preuve, ces impertinences et les absences répétées de l’adolescente lors du cours hebdomadaire intitulé « Conversations sur l’essentiel », sorte de petit catéchisme poutiniste mis en place en 2022 dans toutes les écoles de la Fédération de Russie, où sont glorifiées l’« opération spéciale » en Ukraine et les valeurs traditionnelles russes.

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