Prier pour la victime : tel fut le premier réflexe d’Emma Curtis, lorsqu’elle apprit l’assassinat de Charlie Kirk sur un campus dans l’Utah, le 10 septembre. Le deuxième fut de prendre la parole lors d’une réunion à la mairie de Lexington (Kentucky), consacrée aux crimes par arme à feu. Elue au conseil municipal, Emma Curtis, 29 ans, avait préparé des citations de Charlie Kirk, pour rappeler certains de ses propos stigmatisants contre les personnes transgenres, comme elle, qu’il assimilait à un « délire mental ». Elle appela donc à ne pas « exonérer la culture qui autorise » cette violence.

La vidéo ne passa pas inaperçue. Les menaces et insultes affluèrent dans la boîte mail de l’élue. Les partisans de Charlie Kirk, devenu martyr du trumpisme, traquaient en ligne les complices moraux du crime, ou ses suppôts. Les informations confuses sur le profil du colocataire du tueur, présenté comme une personne en transition de genre, plaçaient cette communauté sur le banc des accusés. La police conseilla à Emma Curtis de ne pas rester chez elle. Se cacher : une tragédie familière.

Rencontrée dans un parc de sa circonscription, elle apparaît seule et soucieuse, mais ouverte à la discussion : « Beaucoup d’élus et d’influenceurs, ici au Kentucky, ont exploité cette tragédie pour diffuser de la propagande antitrans et semer la division, ce qui leur rapporte plus d’attention et de fréquentation en ligne. » Emma Curtis montre sur son téléphone les mails orduriers reçus. « Les personnes trans ne sont que la dernière victime d’une rhétorique de déshumanisation, qui banalise l’usage de la violence », dit-elle.

Convulsions de la société

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